accueil  Accueil / Dossiers / Autres dossiers / Grenelle de l'environnement: l'évolution des débats / Grenelle de l’environnement : Nicolas Sarkozy veut une «Révolution»
Autres dossiers

Article 15 :

Grenelle de l’environnement : Nicolas Sarkozy veut une «Révolution»

Le chef de l’Etat s’est prononcé pour la suspension de la culture commerciale des OGM pesticides et a demandé de réduire de 50 % l’usage des pesticides « si possible dans les dix ans qui viennent».

A l’issue des deux journées de conclusion du Grenelle de l’environnement, le président de la République a rendu ses arbitrages le 25 octobre. Il s’est engagé à «porter et à mettre en œuvre» les propositions issues du Grenelle, qu’il a déclaré «faire siennes». Il a prononcé un discours très volontariste sur les transports et le bâtiment, mais aussi l’agriculture. «L’agriculture est un enjeu majeur, a-t-il affirmé après avoir rappelé sa vocation à nourrir la planète. Nous ne voulons pas d’une agriculture qui épuise nos sols, qui utilise de façon croissante des produits chimiques dangereux. » Un message qu’il portera « dès le début de la présidence française de l’Union européenne», à partir du 1er juillet 2008.

 

Haute qualité environnementale

Sur les pesticides, Nicolas Sarkozy a demandé au ministre de l’Agriculture «de proposer avant un an un plan pour réduire de 50% l’usage des pesticides, dont la dangerosité est connue, si possible dans les dix ans qui viennent». Ce délai de «dix ans» avait fait l’objet d’un bras de fer lors de la table ronde du matin entre la FNSEA et les associations écologistes. Finalement, il apparaît dans le discours présidentiel et sans contrepartie.

«Les débats du Grenelle ont montré que de grands progrès sont possibles pour développer une agriculture de haute qualité environnementale», a constaté le Président. Il s’est engagé à ce que les cantines scolaires proposent «au moins une fois par semaine» un repas issu de l’agriculture biologique. «Je m’engage à ce que les cahiers des charges de la restauration collective imposent des produits labellisés ou issus d’exploitations certifiées», a-t-il poursuivi, apportant ainsi son soutien à la certification. Le chef de l’Etat a demandé la création d’une TVA à taux réduit sur les produits écologiques qui respectent le climat et la biodiversité. Une décision qui pourrait apporter un bonus aux produits agricoles certifiés, mais qui dépend du feu vert de Bruxelles.

 

Monde agricole partagé

Le président de la République a engagé Michel Barnier à entreprendre «un grand plan pour l’autonomie énergétique des exploitations agricoles». A propos des biocarburants, il a déclaré que la politique de soutien aux biocarburants devait être revue, «mais sans remettre en cause les engagements pris». Il a souhaité que la priorité soit donnée aux biocarburants de deuxième génération. Le ministre de l’Ecologie a annoncé que l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) mènera une expertise sur le bilan écologique et énergétique des biocarburants de première génération. A propos de la lutte contre l’artificialisation des sols, le Président a indiqué qu’il allait «engager un programme national». Il a souhaité la création «d’une trame verte en France et pourquoi pas en Europe» pour protéger la biodiversité.

Le Président a clos son discours en s’engageant à lutter contre le dumping environnemental. «On impose à nos agriculteurs des règles qu’ils acceptent, nous ne devons pas accepter que l’on importe en Europe des produits qui ne respectent aucune des règles que l’on impose à nos propres producteurs. Cela n’est pas juste», a-t-il lancé.

Les ONG ont plutôt salué cette «rupture». Quant à Pascal Férey, vice-président de la FNSEA, il estime que «la nouvelle donne ne doit pas inquiéter les agriculteurs». La filière grande culture de la FNSEA regrette quant à elle «le manque total de pertinence» à propos des OGM (lire l'encadré). Du côté des syndicats minoritaires, la Coordination rurale reste attentive à la «menace» de la certification et la Confédération paysanne salue la décision sur les OGM.

Une loi de programmation pour mettre en œuvre les décisions du Grenelle sera déposée au Parlement en janvier ou février prochain.

 

Les conclusions des tables rondes

Toutes les options discutées lors du Grenelle n’ont pas été citées dans le discours présidentiel. Elles figurent toutefois dans les relevés de conclusions des tables rondes. Curieusement, la certification des exploitations qui, selon les participants à la table ronde, n’a pas été débattue mais reportée aux Assises de l’agriculture, y apparaît de manière développée. A l’inverse, pas un mot dans ces relevés sur la création d’une trame verte ou sur les OGM pourtant discutés.

Voici les points figurant dans les synthèses et intéressant l’agriculture: retrait de cinquante produits phytosanitaires les plus préoccupants, dont trente d’ici à la fin de 2008; réduction de moitié de l’usage des pesticides; lutte contre l’étalement urbain; plan d’autonomie énergétique des exploitations; engagement progressif d’atteindre 20% de produits bio dans la restauration collective et 6% de la SAU en bio d’ici à 2010 (20% en 2020); démarche de certification environnementale volontaire des exploitations dès 2008 (50% des exploitations certifiées en 2012); étendre des pratiques agricoles innovantes à l’ensemble des opérateurs d’un territoire; lancer dès 2008 un grand programme de recherche et de formation; adapter la politique génétique des semences et des races domestiques; réhabilitation des sols agricoles et développement de la biodiversité (réseau d’épidémiosurveillance «abeilles»); irrigation économe en eau; réduction des nitrates et du phosphore; couverture des sols en hiver; bandes enherbées le long des masses d’eau.

 

Responsabilité

Le chef de l’Etat veut «rouvrir le débat de la responsabilité»: «Celui qui pollue des rivières pendant des années, celui qui conçoit et vend un produit chimique, celui qui crée une nouvelle cellule génétique, celui-ci doit être comptable de ses actes, même des années plus tard si un drame survient.»

 

OGM: les semis 2008 conditionnés à la loi et à une expertise

Nicolas Sarkozy a annoncé la suspension de la culture commerciale des OGM pesticides «en attendant les conclusions d’une expertise à conduire par une nouvelle instance qui sera créée avant la fin de l’année». Fait nouveau: la levée du gel n’est plus seulement conditionnée au vote de la loi «prévue au printemps de 2008», mais aussi aux conclusions de l’expertise. Les pro-OGM craignent que cette double exigence ne permette pas de tenir les délais pour assurer les semis OGM au printemps de 2008. Bruxelles a précisé que Paris ne pourrait invoquer une «clause de sauvegarde» à l’encontre du maïs Mon 810 que s’il avait des «éléments nouveaux» sur les effets négatifs de cette culture. «La vérité est que nous avons des doutes sur l’intérêt actuel des OGM pesticides, sur le contrôle de la dissémination, sur les bénéfices sanitaires et environnementaux des OGM», a déclaré le chef de l’Etat. Il a souhaité que le droit à cultiver avec ou sans OGM ou encore que l’obligation de prouver l’intérêt sanitaire et environnemental des OGM soit inscrit dans la loi. Il a toutefois refusé de condamner «les OGM d’avenir». Enfin, désavouant la commission Attali pour la libération de la croissance, le chef de l’Etat a maintenu le principe de précaution.

par Aurore Cœuru

(publié le 2 novembre 2007)

Sommaire du dossier

Article 23

La pression monte

Lire
Archives agricoles


SERVICES EXPERTS

>Première inscription

Je suis déjà inscrit :
Mon identifiant :
Mon mot de passe :  
| Aide |
puce Identifiants oubliés ?
puce Toutes les offres d'abonnement
> Feuilletez un ancien numéro

SONDAGE

Santé animale : avez-vous enregistré des cas d'antibiorésistance dans votre élevage ?

> Tous les Sondages
Les sujets
LES PLUS LUS

Archives de
La France Agricole

Recherchez

dans les archives de la France Agricole et

Feuilletez

les numéros depuis 2004

Suivez La France Agricole :
la France Agricole sur Facebook La France Agricole sur twitter La France Agricole sur Google +

Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles

> Découvrir nos Offres

Les publications du Groupe France Agricole
En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez l’utilisation de cookies afin de nous permettre d’améliorer votre expérience utilisateur. En savoir plus et paramétrer les traceurs. OK