accueil  Accueil / Dossiers / Autres dossiers / OMC: les grandes étapes du cycle de négociations de Bali / Volailles : Brésil 1 - France 0, guerre commerciale relancée (2005)
Autres dossiers

Article 10 :

Volailles : Brésil 1 - France 0, guerre commerciale relancée (2005)

La perspective du retour des viandes de poulets brésiliens congelés et salés sur le marché européen, avec des droits de douane réduits, inquiète la filière française.

Le Brésil et la Thaïlande ont-ils gagné la guerre du poulet qui les oppose à l’Union européenne (UE) depuis novembre 2003 au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)? Le Brésil semble le croire. Son ministère des Affaires étrangères n’a pas attendu que le rapport final du panel d’experts soit public, pour revendiquer une nouvelle victoire. Une de plus, après celle contre les Américains au sujet des aides qu’ils versent à leurs producteurs de coton, et une autre contre l’Europe pour les subventions qu’elle accorde à son secteur sucrier.

 

La filière française étonnée

Il y a trois ans donc, les poulets congelés et désossés brésiliens et thaïlandais entraient en force dans l’UE. Ils profitaient de l’existence de droits de douane réduits sur les produits saumurés. C’est-à-dire conservés grâce à l’action du sel. Le Brésil et la Thaïlande saupoudraient leurs produits congelés de sel avant de les exporter. Sous l’impulsion de la France, l’UE a fini par leur appliquer les droits de douane réservés à la viande fraîche et congelée, soit 1,05 €/kg. Et c’est ce reclassement que le Brésil et la Thaïlande ont contesté à l’OMC.

Les membres de la filière avicole française ne cachent pas leur étonnement face aux déclarations des autorités brésiliennes. «Le rapport n’est pas encore officiel, remarque Christian Marinov, le directeur de la Confédération française de l’aviculture (CFA). Il y a tout de même le secret de l’instruction. Le résultat final n’est guère surprenant: le panel était constitué d’intervenants très libéraux.» Mais pour la CFA, il ne s’agit que d’une bataille. La guerre n’est pas terminée. L’organisation syndicale considère que la Commission européenne n’a pas d’autres choix que de faire appel de la décision des experts de l’OMC. «Taxer la marchandise congelée et salée à hauteur de 1,05 €/kg est légitime, insiste Christian Marinov. Bruxelles a raison de considérer que c’est le mode de conservation qui importe.» Et que l’ajout de sel à de la marchandise congelée n’était d’aucune utilité pour la conserver. La CFA ne partage pas non plus l’analyse brésilienne du recul des exportations du géant sud-américain vers l’Europe. «Les achats communautaires en provenance du Brésil et de la Thaïlande ont chuté car nos besoins ont reculé, considère-t-il. Les Pays-Bas sont revenus sur le marché après avoir traversé un épisode de grippe aviaire. Et le consommateur ne boude plus la viande bovine comme pendant la crise de la vache folle. Le boeuf a repris des parts de marché.»

De toute façon, «il est encore trop tôt pour estimer les conséquences du retour du poulet brésilien, explique Gilles Huttepain, le directeur du pôle amont et international du groupe LDC. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un gros risque, mais d’un risque. Il est encore difficile de savoir comment réagiront les industriels de la transformation.» D’autant que le Brésil livre aujourd’hui à l’Europe des produits cuits, tout comme la Thaïlande dont la fermeture des frontières pour cause de grippe aviaire ne concerne que la viande crue. Sortis par la porte avec leur marchandise saumurée, les Thaïlandais et les Brésiliens essaient donc de rentrer par la fenêtre. «Mais c’est plus difficile, commente André Lepeule, le délégué général de la Fédération des industries avicoles. Car sur ce segment, ils sont en concurrence directe avec leurs anciens clients: les industriels de la transformation.»

 

Peur des compensations

D’ailleurs, ce qui inquiète le plus la CFA n’est pas le retour des produits saumurés sur le marché communautaire. «Ce sont les compensations que les plaignants pourraient obtenir pour les indemniser des pertes qu’ils estiment avoir subies, poursuit Christian Marinov. Et qu’ils obtiennent le droit de nous vendre de la marchandise à droits réduits.» L’UE importe 300.000 tonnes par an de viande de volaille du Brésil. La CFA pense que le Brésil pourrait réclamer comme compensation, la livraison de 100.000 tonnes à droits réduits. «C’est ce volume supplémentaire qui viendrait écraser les prix, reprend-il. Le risque est énorme pour notre filière. Surtout lorsqu’on considère qu’un bâtiment de 1.000 m² permet d’élever 200 tonnes de viande par an.» 100.000 tonnes représentent donc la production de 500.000 m² de poulailler. Il y a de quoi inquiéter une filière qui sort à peine de deux plans successifs de cessation d’activité.

«Nous avons beaucoup oeuvré en 2001 et 2002 pour que la Commission bloque les importations de viande salée, se souvient André Lepeule, le délégué général de la Fia. Leur retour concurrencerait nos produits sur le marché intracommunautaire, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni.» Les 300.000 tonnes importées du Brésil représentent tout de même 2 millions de tonnes équivalent carcasses, soit 20% de la production communautaire. «Tout le monde nous garantit que Bruxelles fera appel, reprend-il. Nous avons saisi les autorités françaises pour insister sur le caractère technique du mode de conservation.» Les industriels entrevoient une autre lueur d’espoir du côté de Bruxelles. «La Commission élabore un règlement qui proscrirait l’emploi de matière première enrichie en eau ou contenant un produit augmentant sa teneur en eau dans la fabrication de produits élaborés à base de viande de volailles.» Cela éliminerait d’entrée de jeu les produits saumurés.

«Tout cela conforte l’initiative de LDC avec ses 4F», relance Gilles Huttepain. Sur les produits de la marque Le Gaulois, figure une étiquette qui garantit que la volaille utilisée pour le fabriquer, est née, a été élevée, abattue et transformée en France. Et nourrie avec des aliments 100% végétaux . C’est cette piste que l’Association de promotion de la volaille française (APVF) explore aussi. Elle réunit tous les intervenants de la filière, depuis les organisations de production jusqu’aux transformateurs. «Le consommateur apprécie et achète souvent de la volaille française, constate André Lepeule. Il est intéressé par la proximité du lieu de production.» La démarche a un coût. Le budget de la première année d’activité de l’APVF s’élève à 300.000 €. Et à 178.000 € la seconde année. «L’Ofival en prend en charge une partie, précise André Lepeule. Mais la majorité des coûts est supportée par la filière.» Une première utilisation du logo mis au point pour l’occasion aura lieu en mai prochain. Elle concernera la dinde. L’initiative a reçu un accueil positif de la distribution qui voit là un moyen d’animer son rayon volaille.

 

Aliment: -9% depuis 1998

Téléchargez le Graphique de l'évolution de la production française d'aliment pour poulet (105.16 Ko).

Depuis 1998, la production française d'aliments destinés aux poulets de chair a chuté de 9% (filières standard et label confondues). En 2004, les industriels ont fabriqué 3.250.000 tonnes d'aliment en utilisant un peu plus de 2.110.000 tonnes de céréales (taux d'incorporation de l'ordre de 65%). La chute notée depuis 1998 correspond essentiellement au recul de la production standard avec la diminution des restitutions à l'exportation.

Ces dernières, planifiées en 1994 dans les accords de Marrakech, ont pris effet à partir de 1998. Le léger rebond observé en 2001 correspond à l'épisode de grippe aviaire qui a frappé l'Italie. A l'époque, la France a approvisionné son voisin en volaille. C'est aussi à cette période que les consommateurs boudaient le boeuf pour cause de vache folle. Donc par rapport à 1998, la France fabrique 266.000 tonnes d'aliment pour poulet de moins. Cela correspond à l'utilisation de 173.000 tonnes de céréales. Avec un rendement moyen en blé de 73 quintaux par hectare, cela représente 23.700 hectares.

par Eric Roussel

(publié le 8 avril 2005)

Sommaire du dossier
Archives agricoles


SERVICES EXPERTS

>Première inscription

Je suis déjà inscrit :
Mon identifiant :
Mon mot de passe :  
| Aide |
puce Identifiants oubliés ?
puce Toutes les offres d'abonnement
> Feuilletez un ancien numéro

SONDAGE

Santé animale : avez-vous enregistré des cas d'antibiorésistance dans votre élevage ?

> Tous les Sondages
Les sujets
LES PLUS LUS

Archives de
La France Agricole

Recherchez

dans les archives de la France Agricole et

Feuilletez

les numéros depuis 2004

Suivez La France Agricole :
la France Agricole sur Facebook La France Agricole sur twitter La France Agricole sur Google +

Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles

> Découvrir nos Offres

Les publications du Groupe France Agricole
En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez l’utilisation de cookies afin de nous permettre d’améliorer votre expérience utilisateur. En savoir plus et paramétrer les traceurs. OK