La filière porcine ne porte évidemment pas seule la responsabilité des conflits locaux qui peuvent survenir à l'occasion de l'installation ou de l'agrandissement d'un élevage. Mais elle doit aussi « anticiper » davantage les réactions possibles des riverains ou des associations environnementales, et ainsi « passer d'une stratégie de communication à une démarche de concertation », résume Marie-Laurence Grannec, ingénieure à la chambre d'agriculture de la Bretagne, qui s'exprimait le 4 février 2015 à Paris à l'occasion des 47es Journées de la recherche porcine (JRP).
« La perception sociale de la production porcine et des projets liés constitue un enjeu majeur, non seulement pour les éleveurs, mais aussi pour l'ensemble de la filière. » C'est pourquoi les conséquences d'une confrontation « peuvent être lourdes, non seulement pour l'éleveur et son exploitation, mais aussi sur la perception plus large et à plus long terme de la production porcine. Il paraît donc nécessaire de rechercher des pistes de réflexion pour favoriser des déroulements non conflictuels de projets porcins ».
Les limites de l'enquête publique
Marie-Laurence Grannec s'y est employée en 2013 et 2014. Elle a rencontré les parties prenantes – promoteurs et opposants – à une dizaine de projets porcins dans les quatre départements bretons, analysant leurs motivations et leurs méthodes. Son enquête met d'abord en évidence que l'enquête publique ne permet pas l'affirmation sereine des arguments des uns et des autres. Chacune des parties reste dans la « communication », quand le dialogue espéré ne tombe pas dans « l'attaque d'ordre personnel », voire « l'agression verbale »... On est bien loin de la « concertation » censée être générée par l'enquête publique.
Comment améliorer les choses ? L'étude de Marie-Laurence Grannec, qui s'est focalisée sur ce qu'il est possible de faire au niveau de la filière, suggère de « procéder par étapes » pour désamorcer les conflits. En premier lieu, les éleveurs doivent sortir d'une logique de « confinement, souvent mal perçue, en ne refusant pas les sollicitations qui leur sont faites par les riverains ou les médias », de sorte à « rester LA source d'information sur le projet ».
Ouvrir les élevages
Les éleveurs peuvent « également favoriser le positionnement, en tant que médiateur, de certains acteurs locaux en informant de leur projet un entourage géographique le plus large possible, en ne se limitant ni aux voisins les plus proches, ni aux seuls acteurs du monde agricole, et cela suffisamment en amont, et de manière compréhensible de tous ».
Si l'organisation d'une réunion publique, couramment organisée, ne permet toujours pas de faire baisser la tension, une « visite de l'élevage avec explication du projet » sera de nature à susciter un « débat constructif ». Des formations à ce type de démarche « seraient utiles aux éleveurs et aussi aux élus municipaux souvent démunis » face à ce type de conflit, suggère Marie-Laurence Grannec.
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