Quelque 200 agriculteurs se sont réunis le 5 février 2015 dans la soirée à Plérin pour exprimer leur inquiétude face à la faiblesse des cours du porc qui met en péril de nombreux élevages ainsi que des emplois dans la filière agroalimentaire, a constaté l'AFP.
Le kilogramme de porc a été coté jeudi à 1,087 euros au marché au cadran de Plérin, qui sert de référence au plan national. Ces cours n'ont cessé de baisser depuis l'entrée en vigueur de l'embargo russe, en janvier 2014, qui a totalement déstabilisé le marché européen, selon les responsables du Marché du porc breton (MPB).
Perte de 11.500 €/mois pour 200 truies
« La situation de nombreux élevages est catastrophique. Un élevage de 200 truies perd actuellement 11.500 euros par mois » par rapport à ses coûts de production, a expliqué à l'AFP Didier Lucas, président de la FSDEA des Côtes-d'Armor. « Ça ne pourra pas continuer longtemps comme ça », a-t-il dit, estimant que « 40 % des élevages du département » – premier producteur national – seront « à plus de 100 % d'endettement avant la fin de mars ».
Mais il faut bien comprendre, a souligné le responsable syndical, que si des éleveurs jettent l'éponge, c'est toute la filière qui va en payer le prix en matière d'emplois : « Je ne vois pas les abattoirs continuer s'il n'y a plus assez de porcs, et, dans l'alimentation animale, il y aura inévitablement des suppressions d'emplois. Même chose chez les artisans. »
Une perte d'emplois en amont et en aval
La production de porcs a diminué de 8 % en France depuis 2008, a rappelé M. Lucas. Du fait notamment de cette baisse de la production, l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), qui employait près de 900 personnes, a par exemple fermé il y a plus d'un an.
Des actions de producteurs sont égalemet annoncées samedi dans le Finistère.
De son côtè, le Comité régional porcin, qui a été reçu jeudi par le préfet de Région, a aussi souligné le poids de l'embargo russe. « Les éleveurs de porcs ne peuvent pas être la chair à canon au service des décideurs politiques européens engagés dans un conflit international avec la Russie, lourd de conséquences pour l'économie de la filière », a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Mais le CRP met également en cause la persistance des distorsions de concurrence, « sur fond de dumping fiscal et social » avec l'Espagne et le nord de l'Europe, où la production progresse, contrairement à la France.