Quatorze euros aux mille litres, c'est la moyenne des économies de charges réalisées par 171 fermes laitières « bas carbone » comparées à 1 700 exploitations laitières du réseau BCEL Ouest, en 2015. « Il y a un lien fort entre performance économique et environnementale » a souligné Jean-Baptiste dollé, chef du service Environnement de l'Institut de l'élevage, en présentant ces résultats devant la presse mercredi. Il explique cet écart par « les économies sur l'engrais, l'alimentation et la gestion des effectifs ». L'interprofession laitière avait donné rendez-vous aux médias afin de leur présenter la « ferme laitière bas carbone », une « solution climat agriculture » qui sera officiellement dévoilée lors de la COP 21.
Moins d'un kg de carbone par litre de lait
Gestion des effectifs animaux à travers l'âge au vêlage, amélioration de la digestibilité des fourrages, raisonnement de la fertilisation, introduction de légumineuses, économies d'énergie, plantation de haies et maintien des prairies... L'identification des différents leviers d'action permet à la filière d'envisager un potentiel de réduction de l'empreinte carbone du lait de 20 % d'ici 2025. Soit 0,80 kg de carbone émis pour produire un litre de lait, contre 1 kg aujourd'hui. Sachant que des progrès ont déjà été faits : l'empreinte carbone était de 1,3 kg/l de lait en 1990.
Dans les années à venir, le Cniel souhaite auditer un maxium d'éleveurs, à l'aide d'un diagnostic - gratuit pour l'éleveur - se déroulant sur une demi-journée. Tout reste basé sur le volontariat, et « l'outil n'est absolument pas prescriptif, souligne Marie-Thérèse Bonneau, éleveuse en Vendée et membre du conseil d'administration du Cniel. On n'est pas dans une démarche descendante, l'idée est seulement de donner aux éleveurs les clés pour agir sur l'aspect climatique et environnemental. L'éleveur reste toujours maître de ses décisions.» L'entrée se fera souvent par la porte économique. Cela tombe bien, le diagnostic est fait pour améliorer la gestion de l'exploitation afin de la rendre plus efficace économiquement et environnementalement à la fois.
La démarche se veut une démarche de filière. Les diagnostiqueurs restent donc les interlocuteurs habituels des éleveurs : chambres d'agriculture, laitieries, contrôle laitier... Pas d'auditeur « externe » à la filière, donc, mais pour se garantir contre les critiques de partialité, l'outil de diagnostic est en cours de certification par Eco-cert.
Valoriser les efforts
« La valorisation des résultats se fera petit à petit », explique Thierry Geslain, directeur des affaires scientifiques du Cniel. La première phase sera consacrée à la communication auprès du grand public et des pouvoirs publics. La filière tient ainsi à montrer qu'elle assume sa part dans les engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En fonction du nombre d'exploitations rentrées dans le dispositif, la seconde phase pourrait tendre vers une valorisation commerciale. La profession caresse notamment l'idée, à l'avenir, de vendre des crédits pour les tonnes de carbone économisées.