La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé jeudi la suspension « sine die » du dispositif d'écotaxe sur les poids-lourds, après une réunion avec les transporteurs routiers qui ont décidé dans la foulée de suspendre leur mouvement.
« Nous avons décidé, premièrement, de suspendre sine die le dispositif d'écotaxe, deuxièmement de créer un groupe de travail [...] troisièmement, d'intensifier la recherche de solutions sur la situation économique et sociale globale du secteur », a affirmé Mme Royal à l'issue de cette rencontre.
Les transporteurs routiers menaçaient de manifester dès lundi.
Les fédérations de transporteurs routiers, qui avaient menacé de manifester dès lundi contre le péage de transit de poids-lourds, auront passé plus de trois heures au ministère.
Mercredi, Mme Royal avait indiqué qu'elle allait proposer aux transporteurs routiers de « mettre en place un groupe de travail, de suivi, de l'application du dispositif », dont l'expérimentation a démarré le 1er octobre et devait durer environ deux mois.
Elle avait espéré que cette initiative permettrait de « calmer le jeu », face à la menace de manifestations de routiers.
Jeudi midi, le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies à ses côtés, Ségolène Royal a dit avoir pris acte de « la difficulté de mise en œuvre de l'écotaxe, y compris dans la phase d'expérimentation ».
« Volonté des professionnels du transport de participer à une solution de financement équitable et pérenne »
Elle a également indiqué avoir noté « la volonté des professionnels du transport de participer à une solution de financement équitable et pérenne », sans plus de précisions dans l'immédiat.
« En conséquence de cette réunion, nous avons décidé de suspendre le mouvement revendicatif que nous avions prévu à compter de ce lundi 13 », a indiqué, dans la foulée de la ministre, Jean-Christophe Pic, président de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR).
Avant la réunion, les transporteurs avaient affiché leur refus de ce dispositif de taxation des poids-lourds, au nom notamment de la compétitivité des entreprises dans un contexte de concurrence européen.
L'écotaxe, qui devait initialement entrer en vigueur en juillet 2013, a été repoussée à deux reprises avant d'être suspendue puis remplacée par le péage de transit. Celui-ci devait être mis en place au 1er janvier 2015, mais avait été repoussé aux premiers mois de 2015.
Réactions dans le secteur agricole
La FNSEA et JA (Jeunes Agriculteurs) accueillent « avec satisfaction » l'annonce de la ministre de l'Ecologie et estiment que « le bon sens prévaut ». « Une décision dont nous voulons croire au caractère définitif. Point final », indiquent les deux syndicats jeudi dans un communiqué.
Jeudi dans un communiqué commun, la FNSEA, Coop de France, l'Ania (industries alimentaires) et la CGI (professionnels du négoce) se déclarent « soulagés que le bon sens l'ait enfin emporté sur le dossier épineux de la redevance poids lourds, reportée sine die ». Les quatre organisations « se félicitent de la constitution, dès la semaine prochaine, d'un groupe de travail » et demandent « à ce que l'ensemble des acteurs et utilisateurs du transport routier de marchandises soit pleinement associé à cette réflexion : transporteurs, entreprises en compte propre comme chargeurs ». Elles demandent également qu'« aucune hypothèse de travail ne soit a priori écartée ».
De leur côté, les entreprises de nutrition animale de Bretagne (Nutrinoë) « se félicitent de la prise de conscience par le gouvernement des conséquences économiques dramatiques qu'aurait eu l'écotaxe sur l'emploi, le tissu agricole régional et la compétitivité des productions animales en Bretagne ».
Pas tous égaux devant l'adversité..
vendredi 10 octobre 2014 - 07h59
Encore une illustration du courage de ces politiques. Il est certes plus facile de taxer les particuliers que nous sommes car tellement plus dociles. C'est surtout que nous n'avons pas les mêmes moyens d'action que les routiers ou les agriculteurs.