«Nos 120 ha de prairies permanentes ne peuvent pas être retournées, explique Martial, installé avec sa femme, Liliane, et leur fils, Ludovic, à Sainte-Agathe-d’Aliermont, dans la Seine-Maritime. Il faut valoriser toute cette surface en herbe. Nous sortons donc les vaches laitières le plus tôt possible, dès que le sol est assez portant.»
Un chargement faible évite le piétinement. Les 70 prim’holsteins et normandes disposent de 35 ha à la mise à l’herbe, soit 50 ares par vache. En régime de croisière, elles tourneront sur 25 à 28 ha.
La météorologie décide
En général, les vaches mettent le mufle dehors dès la mi-mars, quinze jours plus tôt que la moyenne dans le pays de Bray. «Nous aimerions les sortir encore plus tôt, mais les sols argileux sont trop humides. Le premier critère, c’est la météorologie. C’est elle qui commande la date de mise à l’herbe.» Au début, les vaches sont lâchées deux heures dans l’après-midi. Si la pluie ou le froid reviennent, tout le monde rentre.
En hiver, les vaches reçoivent 10 kg de matière sèche (MS) d’ensilage de maïs, 3 kg de MS d’ensilage d’herbe, 2 ou 3 kg de foin, 2 kg de concentré azoté, de l’aliment liquide et un concentré de production au-delà de 20 litres de lait.
Dès la mise au pré, Martial et Ludovic ferment le silo d’herbe, suppriment l’aliment liquide et divisent par deux le concentré: «L’herbe contient déjà de l’azote peu coûteux.» En deux ou trois semaines, ils réduisent de moitié la quantité d’ensilage de maïs. Les vaches reçoivent cette ration de transition tant qu’elles rentrent la nuit, jusqu’à la fin d'avril. Ensuite, elles sont en pâturage plat unique jusqu’en juillet.
Les Pépin n’effectuent aucune cure d’oligoéléments avant la sortie. «Nous apportons 200 g de minéraux contenant 5% de magnésie tout l’hiver, puis 100 g tant que les vaches reçoivent du maïs, souligne Martial. Ça suffit pour éviter les tétanies d’herbage.» Pas de diarrhées sévères non plus, puisque les vaches continuent de manger des fibres. «Elles ont du foin à leur disposition dans la stabulation. Les premiers jours, elles n’y touchent pas, mais elles y reviennent vite.»
Les surfaces sont organisées en sept parcelles. Un apport de 40 unités d’azote est réalisé avant la mise à l’herbe. Il a eu lieu le 15 février cette année. Un deuxième apport de 20 unités sera fait si la pousse est insuffisante.
«Les vaches changent de parcelle tous les deux, trois jours, détaille Ludovic. Quand la croissance de l’herbe s’accélère, nous en fermons deux, qui seront ensuite fauchées.»
«Nous économisons des aliments concentrés, de l’ensilage et de la paille, constate Martial. En parallèle, les vaches produisent entre 1 et 2 litres de lait de plus par jour.»
Tallage: déprimer les prairies En pâturant, les vaches sectionnent les épis précoces dès qu’ils montent dans la tige. L’éclaircissement de la base des plantes favorise le tallage. Le déprimage donne ainsi un pied d’herbe plus dense, les talles se développent au ras du sol et colonisent bien le terrain. |
Avis de JEAN-MICHEL DALLIER, de la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime «Retirer l’azote de la ration et avoir l’œil sur les fibres» «Si la portance le permet, les vaches entrent sur la parcelle pour un déprimage dès que la hauteur d’herbe atteint 7-8 cm à l’herbomètre. Leur temps de séjour n’excédera pas trois, quatre jours, et elles sortiront quand la hauteur d’herbe descendra à 5 cm. Pour aider à la décision, les chambres d’agriculture de l’Eure et de la Seine-Maritime informent par un "fax herbe" les éleveurs qui le souhaitent sur l’état des prairies dans chaque petite région. En Normandie, l’herbe pâturée associée à un ensilage de maïs qui apporte de l’énergie, c’est le meilleur mariage! L’herbe de printemps est riche en azote et pauvre en fibres. Je conseille de supprimer l’azote de la ration hivernale dès la sortie et d’apporter de la fibre, du foin ou de la paille de qualité.» |
par Elsa Casalegno (publié le 21 mars 2008)
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