«La récolte du foin est très aléatoire chez nous, constate Philippe Levasseur, à la tête d’un troupeau de 70 vaches allaitantes à Bourg-Dun, dans la Seine-Maritime, avec son fils Romain. Et 2007 n’échappe pas à la règle. La mer amène brumes et embruns et nous avons rarement plus de trois jours de beau temps de suite au cours de mai et juin. Or, il en faut au moins sept pour réaliser du foin de bonne qualité. L’enrubannage a apporté beaucoup de souplesse à notre système fourrager.»
Moins de gaspillage
Il a aussi permis de diminuer le gaspillage de l’herbe. Chaque lot de vaches tourne sur quatre ou cinq parcelles. En mai, lorsque la pousse est abondante, l’une d’elles peut être retirée de la rotation pour enrichir les stocks d’enrubannage. Au final, ce sont maintenant entre 15 et 20 ha sur les 42 ha de prairies qui sont récoltés, au lieu de 4 ou 5 ha de foin auparavant.
Favoriser les repousses
Ce fourrage est par conséquent devenu l’aliment de base dans les rations des vaches allaitantes pendant l’hiver. «Dès l’entrée en stabulation, elles en reçoivent 6 ou 7 kg (NDLR: exprimés en matière sèche), complétés par de la paille. Je réintroduis simplement un peu d’ensilage (2 ou 3 kg), avec 800 g de tourteaux de soja, quand les besoins du couple mère-veau augmentent à partir de janvier et février», ajoute-t-il. Le mode de distribution est pour le moment un libre-service rationné. La construction d’un nouveau bâtiment devrait permettre de dérouler le fourrage tous les jours.
«Je n’ai récolté cette année qu’un tiers de la surface en conditions idéales, le 20 mai. La pluie a favorisé de belles repousses, maintenant prêtes pour le pâturage. Les coupes plus tardives sont toujours moins favorables au regain. J’essaie donc de faucher le plus tôt possible.» Quant au matériel, il est en Cuma, de la faucheuse à l’enrubanneuse, en passant par les pinces pour reprendre les balles. Un moyen de limiter les coûts.
Composition de la récolte de 2006 Pour établir les rations, l’enrubannage récolté en 2006 a été analysé. Il concernait une prairie permanente fauchée le 2 juin et récoltée le 5. Les graminées étaient en épi mais avec un taux de 67 % de MS, les valeurs enregistrées étaient de 0,83 UFL, 0,76 UFV, 78 PDIN, 72 PDIE. |
Avis de FLORENT HUBO, de la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime «Plus cher, mais pas dénué d’intérêt» «La meilleure période pour récolter l’enrubannage dans notre département se situe du 15 au 30 mai, juste avant l’épiaison. Après, la qualité est altérée mais ce mode de récolte procure plus de repousses que les fauches de foin de la mi-juin à la mi-juillet. Sur le plan du coût, cette méthode est la plus chère. Les références moyennes établies par la chambre d’agriculture sont de 66 €/t de MS d’enrubannage récoltée contre 53 €/t de MS de foin et 48 €/t de MS d’ensilage. Ces prix varient en fonction du matériel utilisé. Certaines Cumas, comme celle de Philippe et Romain Levasseur, fonctionnent aujourd’hui avec du matériel amorti, ce qui permet de réaliser des chantiers à des tarifs abordables. La réalisation de boudins limite aussi le coût car les besoins en films sont plus modestes. L’organisation de l’enrubannage est aussi beaucoup plus souple que celle de l’ensilage qui est exigeante en main-d’oeuvre. Pas besoin non plus d’investir dans un hangar pour le stockage des balles enrubannées. En revanche, si sa teneur en matière sèche est inférieure à 60%, il doit être introduit dans la ration prudemment. A l’instar du foin, la mise à disposition à volonté est proscrite, sous peine de problèmes métaboliques.» |
par Marie-France Malterre (publié le 6 juillet 2007)
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