«Face aux aléas climatiques, les éleveurs doivent s’adapter à la variabilité de la pousse des prairies», a souligné Gilles Lemaire, chercheur à l’Inra de Lusignan, dans la Vienne, lors des journées 2007 de l’AFPF (1). Il est possible de constituer des stocks d’herbe sur pied en valorisant la croissance de fin de printemps, pour l’utiliser lorsque la pousse devient nulle. Si le manque d’eau guette, il suffit de ne pas faucher une parcelle d’excédent, de laisser sécher l’herbe sur pied pendant une période allant de six à douze semaines, pour la refaire pâturer pendant l’été.
Ce sont surtout les régions océaniques qui profitent des fortes pousses de mai et de juin. «Selon des essais menés dans le Morbihan, il est possible de prolonger de vingt-cinq jours la saison de pâturage estival, grâce aux repousses d’une association de dactyle et de trèfle blanc, âgées de cinquante à cent jours», précise Gilles Lemaire. On peut ainsi atteindre 3 tonnes de matière sèche par hectare sur pied.
Associé au trèfle blanc
Il est recommandé d’associer du trèfle blanc avec le ray-grass anglais, le dactyle ou la fétuque. Cette légumineuse vieillit lentement, ce qui compense la baisse de digestibilité des graminées au cours de la saison. La valeur alimentaire de l’association est alors comparable à celle du foin de bonne qualité.
«Des repousses feuillues associées au trèfle blanc conservent des valeurs intéressantes malgré un âge de repousse élevé, confirme Gilles Lemaire. Elles seraient de l’ordre de 0,70 à 0,80 UFL, et 80 à 90 g PDI.»
Luc Delaby, de l’Inra de Lusignan, conseille néanmoins de mettre sur ce type de parcelles des animaux dont les besoins sont modérés: vaches laitières en fin de lactation, génisses…
«Les vaches ne doivent pas sortir sur la parcelle entière à disposition. Pour les obliger à manger toute la plante, y compris les parties sèches moins appétentes, pratiquez un pâturage rationné, au fil. En complément, distribuez du concentré et, éventuellement, un peu d’ensilage de maïs dont les quantités s’ajustent en fonction de l’état de la prairie. L’intérêt économique est évident: il n’y a pas de récolte, ni de stockage.»
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(1) Association française pour les productions fourragères.
D’autres ressources fourragères Pour faire face au manque d’eau, plusieurs voies sont envisageables: * Le pâturage partiel ou total en hiver, si le temps et la portance des sols l’autorisent. Avec des hivers plus doux, l’herbe poussera davantage en hiver. * Le pâturage hivernal de céréales (triticale, avoine...). * La luzerne, pure ou en association. Les deux premières coupes peuvent être récoltées en foin ou enrubannées et les repousses d’été pâturées. * La fauche précoce pour constituer davantage de stocks d’herbe. * L’ensilage de sorgho grain ou de céréales immatures, en alternative au maïs. * La petite céréaliculture pour l’autoconsommation (qui a souvent disparu dans les zones herbagères). |
par Elsa Casalegno (publié le 20 avril 2007)
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