Des parcelles séchantes, un potentiel limité en maïs (9 t/ha de MS), des sols portants avec un parcellaire groupé autour des bâtiments ont fait que le pâturage s’est naturellement imposé au Gaec La Madeleine. L’augmentation récente du troupeau de 50 à 80 vaches ne l’a pas remis en cause. «Le message d’un lait à l’herbe plus économe est bien passé dans la région. Mais au-delà de l’argument économique, il faut que l’éleveur aime le pâturage.
Cela peut paraître plus compliqué, moins performant sur l’instant, mais c’est d’abord un plaisir de ne pas avoir à démarrer un tracteur pendant deux mois et d’aller chercher les vaches au pré», assurent François, Christophe et Stéphane.
Ces trois éleveurs ont réussi le pari de fermer le silo de maïs et d’arrêter toute distribution de concentrés et de minéraux pendant deux mois (avril et mai).
Cette maîtrise repose sur plusieurs facteurs. D’abord des espèces prairiales variées, adaptées au potentiel des différentes parcelles et dont la production se complète dans la saison: RGI, RGH, RGA et trèfle, dactyle et trèfle. Pour ne pas se laisser déborder par l’herbe au printemps, les vaches sortent le plus tôt possible.
«C’est en général à la fin de février, deux ou trois heures dans l’après-midi. L’objectif est d’avoir ainsi déprimé toutes les parcelles à la fin de mars», expliquent les associés. C’est alors qu’intervient le contrôleur laitier avec son herbomètre. Il évalue le potentiel de toutes les parcelles et donne aux éleveurs un nombre de jour de pâture disponible.
«C’est à partir de cela que l’on décide de fermer le silo. Ensuite, la rotation sur les parcelles s’organise. En priorité sur les ray-grass qui doivent être cassés avant le maïs. C’est d’abord au fil puis en paddock. Nous disposons en moyenne de 0,70 are/VL au printemps.
Ensuite, l’ensilage d’herbe et le foin sont des leviers de gestion de ce pâturage. Quand il y a trop d’herbe, on ensile.» Les vêlages groupés du 15 août à décembre facilitent ce fonctionnement. Les plus fraîches vêlées ont trois mois de lactation et supportent bien ce nouveau régime sans concentré.
«Notre objectif est aussi de ne pas pousser les animaux en début de lactation. On se tient à 100 g PDI dans la ration complète. Ainsi, nous avons des vaches avec un bon état corporel au mois de mars.» En avril et mai, les vaches ne rentrent dans le bâtiment que pour la traite.
«Je ne sais pas si on gagne beaucoup en temps de travail sachant qu’il faut aller chercher les vaches dans les pâtures, mais c’est plus agréable que de débâcher un silo.»
C’est surtout rentable. Avec 1.100 kg de concentré par vache (150 g par litre produit) la production est très autonome. «Jusqu’en 2003, on donnait un peu de concentré au pâturage. Quand nous avons arrêté, nous n’avons rien perdu. Il faut simplement accepter que la qualité de l’herbe fluctue et ne pas se focaliser sur le niveau quotidien du tank. Au final, nous sommes gagnants.»
La possibilité de produire un peu plus de lait aujourd’hui ne remet pas en cause ce système fourrager. «Les simulations montrent que nous pouvons produire +10% sans achat d’animaux. Nous pouvons aussi pousser un peu plus en début de lactation.»
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par Pascale Le Cann, Jean-Michel Vocoret, Dominique Grémy et Nicolas Louis (publié le 7 avril 2008)
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