Un ray-grass a besoin d’un cumul de 600°C pour atteindre le stade de l'épi à 10 cm. «Le déprimage doit donc s’arrêter lorsque cette température est atteinte, précise Lucile Hanryon, de la chambre d’agriculture de la Creuse, animatrice du groupe en charge de l'herbe au GDAR de Chambon-sur-Voueize. Sinon, les rendements en foin en pâtiront, la pâture des épis étant pénalisante pour la récolte.» Tout cela est possible grâce aux résultats d’études conduites par l’Inra (voir aussi le tableau ci-dessous ).
Un bilan hebdomadaire
Chaque semaine, Hervé Feugère, chargé d’animer le programme structurel "herbe et fourrage" financée par le conseil régional du Limousin, dresse un bilan grâce aux données collectées dans les quatorze stations de Météo France du département.
Il établit dans la foulée des conseils de gestion de la pâture par minirégion qu’il expédie aux conseillers de la chambre d’agriculture et aux exploitants par mail.
Thierry Chazette, de Lussat, dans la Creuse, reçoit ces informations. Il a pu vérifier leur précision: «J’ai été averti que le déprimage de mes prairies, composées de fétuque essentiellement, devait s’arrêter le 23 avril. J’avais beaucoup de travail à ce moment-là et je n’ai pas pu retirer tous les lots à temps. Quelques-uns sont restés dans leur parcelle quelques jours de plus. J’avais pourtant prévu de les récolter en foin. Résultat, j’ai abandonné mes projets car le rendement a été fortement affecté. En revanche, là où j’ai pu respecter les dates, il n’y a pas eu de problèmes de rendement en tout cas.»
De son côté, Christian Bessège, d’Evaux-les-Bains, envisage de recourir au déprimage l’année prochaine, alors qu’il l’avait abandonné.
Complémentaire d’Herbo-Lis
Pour Hervé Chandumont, de Chambonchard, «travailler avec la méthode du cumul des températures nous a aidés à affiner notre gestion du pâturage. Avec Thierry et Christian, nous faisons partie du groupe "herbe". Nous avons adopté la méthode Herbo-Lis depuis quelques années (1) pour mieux gérer la pousse de l’herbe.»
Résultat, Hervé était en 2006 excédentaire en matière sèche alors que, en 2003, il avait dû acheter vingt tonnes de foin.
«Le cumul des températures permet d’aller un peu plus loin dans la gestion de la pousse de l’herbe et d’anticiper les rotations sur les pâtures au printemps comme à l’automne», précise Patrick Le Goux, conseiller à la chambre d’agriculture de la Creuse. Le but est de faire pâturer les feuilles au bon stade.
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(1) Voir «La France agricole » du 16 juin 2006 en page 29.
Rotation Les temps de retour sont obtenus en divisant la durée de vie d’une feuille par la moyenne des températures journalières. |
Calcul à partir du 1er février Une moyenne de température est calculée à partir des relevés minimaux et maximaux des quatorze stations météorologiques de la Creuse. Les températures supérieures à 18°C et inférieures à 0°C ne sont pas prises en compte. Par exemple, pour un minimum de 4°C et un maximum de 22°C, la moyenne sera de 4 + 18 (et non 22) = 22 : 2 = 11°C. Ces résultats s’ajoutent chaque jour à partir du 1er février. |
par Marie-France Malterre (publié le 3 août 2007)
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