Le marché mondial du sucre devrait enregistrer une production nettement supérieure à la demande lors de la saison 2011-2012, aidé par une récolte record en dépit d'une nouvelle dégringolade de l'offre brésilienne, a estimé jeudi l'Organisation internationale du sucre (ISO).
Sur la saison allant d'octobre 2011 à septembre 2012, l'excédent de production devrait ainsi s'élever à 4,2 millions de tonnes (Mt), a souligné l'organisation, qui fournit dans son rapport trimestriel sa première estimation sur les récoltes à venir.
« Nos premières prévisions pour 2011-2012 tablent sur une nouvelle production record, à 172,37 millions de tonnes, ce qui représente une progression annuelle de 4 % », a expliqué l'ISO.
La consommation mondiale devrait, quant à elle, rester robuste, avec une hausse de 2 % à 168,16 Mt, tirée notamment par les marchés émergents.
L'excédent enregistré devrait offrir un peu de répit à un marché du sucre sous pression : après deux années de fort déficit entre 2008 et 2010, il avait connu en 2010-2011 un équilibre fragile, avec un très maigre surplus de production de 843.000 tonnes.
Pour la prochaine saison, « la hausse de production anticipée chez les principaux pays producteurs devrait plus que compenser le plongeon de l'offre du Brésil », premier exportateur de la planète, a indiqué l'organisation.
Minée par des pluies diluviennes, la production brésilienne a dégringolé de 2,1 Mt en 2010-2011 (à 38,74 Mt), et devrait à nouveau chuter de 2,87 Mt en 2011-2012 (-7,4 %, à 35,8 Mt).
En revanche, l'ISO table sur une progression de 2 Mt de la production de l'Inde, deuxième producteur et premier consommateur dans le monde, qui devrait voir son offre monter à 28 Mt, après un bond de plus de 25 % (+5 Mt) en 2010-2011 en raison de conditions météorologiques très favorables.
En Thaïlande, deuxième exportateur de la planète, après une spectaculaire envolée de 41 % (à 10 Mt) lors de la saison qui s'achève en septembre, la production devrait se maintenir au même niveau.
De son côté, l'Australie, troisième exportateur mondial, qui avait vu son offre de sucre sévèrement affectée cette année par des inondations puis le passage du cyclone Yasi, devrait voir sa production croître de 5 % en 2011-2012, à 4 Mt.
La Russie, premier pays importateur de sucre, devrait par ailleurs connaître un bond de plus de 60 % de sa production locale (+1,9 Mt, à 4,85 Mt), après une chute de 15 % en 2010-2011 (à 2,935 Mt), en raison d'une sécheresse dévastatrice, ce qui diminuera d'autant ses importations et la pression sur le marché mondial.
Pour autant, « nous ne croyons pas que ce retour à un excédent de production permettra de faire baisser durablement les prix du sucre, étant donné que les stocks restent à des niveaux historiquement bas », a tempéré l'ISO.
Les stocks mondiaux de sucre, au plus bas depuis vingt ans, devraient ressortir à la fin de septembre à 57,01 Mt, en baisse de 3 % sur un an, ce qui représente moins de 35 % d'une année de consommation, et les nations consommatrices devraient peiner à reconstituer leurs réserves sur la prochaine saison, estime le rapport.
Soutenus par les tensions sur les approvisionnements face à une demande robuste, les cours avaient grimpé au début de février à leur plus haut niveau depuis plus de trente ans à New York, avant de reculer légèrement les mois suivants.
L'Organisation internationale du sucre, dont le siège est à Londres, associe depuis 1992 les principaux pays exportateurs et consommateurs de sucre de la planète, représentant 80 % de la production et 65 % de la consommation mondiale.