Des variétés de blé développées à partir de semences irradiées pour permettre leur résistance à la rouille noire vont être testées au Kenya, ont annoncé vendredi la FAO (Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation) et l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) qui ont piloté les recherches.
La FAO et l'AIEA, qui dispose d'un programme de techniques nucléaires spécifiques pour l'agriculture et l'alimentation, ont développé ces variétés résistantes au champignon UG99, un parasite découvert en 1999 en Ouganda et responsable de la maladie, qui s'est rapidement propagé au Kenya voisin puis au Moyen-Orient, expliquent-elles dans un communiqué commun. Aujourd'hui, « 37 % de la production mondiale de blé est menacée », assurent-elles.
En 2009, une cultivatrice kényane, Miriam Kinyua, a envoyé 10 kg de cinq variétés de blé aux laboratoires conjoints FAO/AIEA à Seibersdorf, au sud de Vienne (Autriche), où les grains ont été exposés aux radiations afin d'obtenir des variétés mutantes et résistantes dans le cadre d'un programme associant plus d'une vingtaine de pays et d'organisations (Responding to the T'ansboundary Threat of Wheat Black Stem Rust Ug99).
Le processus connu, appelé « mutation aléatoire » (mutation breeding), permet d'accélérer la mutation naturelle des plants en les exposant à des rayons ionisants. Ensuite, les agronomes sélectionnent et développent les variétés qui les intéressent par leurs caractéristiques.
Environ six tonnes de ces nouvelles variétés vont être acheminées au Kenya dans le courant du mois, à temps pour les prochains semis au pied du Mont Kenya.
« Les rouilles du blé et particulièrement celle due au stress du l'Ug99 constituent une menace majeure à la sécurité alimentaire dans le monde, en raison des pertes rapides de rendements qu'elles provoquent », a indiqué le directeur général de la FAO José Graziano da Silva cité dans le communiqué.
La rouille noire qui s'est étendue rapidement de l'Iran au Yémen et à l'Afrique du Sud avant de menacer l'Inde peut détruire jusqu'à 70, % voire 100 % d'une récolte si elle n'est pas traitée. C'est le vent qui transporte les spores et permet cette expansion rapide.
Selon les experts, insiste l'AIEA, les greniers à blé de l'Europe, Ukraine et Kazakhstan, pourraient à leur tour être menacés de même que la Chine.