La Commission européenne a déclaré lundi la guerre aux espèces envahissantes venues d'ailleurs : arbres, insectes ou rongeurs qui menacent l'écosystème et la santé en Europe.
L'offensive, souhaitée de longue date par les ONG environnementales, doit être centrée sur une liste, à établir, des 50 espèces jugées les plus nuisibles, a précisé le Commissaire à l'Environnement, Janez Potocnik. Une fois que les instances européennes se seront entendues sur leurs identités, ces 50 ennemis publics seront boutés hors de l'Union, où leur importation, achat-vente, utilisation ou libération dans la nature seront interdites.
Mondialisation oblige, l'arrivée d'espèces allochtones a pris des dimensions préoccupantes en Europe, avec plus de 12.000 espèces recensées, dont environ 15 % qualifiées d'envahissantes, selon la Commission. Cette colonisation est estimée coûter au moins 12 milliards d'euros par an à l'Europe.
Le franchissement par végétaux, animaux et micro-organismes de leurs frontières écologiques est la deuxième cause de perte de biodiversité dans le monde, après la destruction des habitats naturels.
Cette délocalisation représente aussi une menace en matière de santé publique, dans le cas notamment du frelon asiatique ou du moustique-tigre, et peut endommager cultures et infrastructures.
La Commission cite ainsi l'exemple de la renouée du Japon, une plante herbacée venue d'Asie qui s'attaque aux immeubles, ou du ragondin, importé d'Amérique du Sud pour sa fourrure bon marché et devenu depuis un grand prédateur des champs de maïs et blé européens.
La proposition législative présentée par la Commission combine la mise en place de mécanismes de prévention pour éviter l'introduction intentionnelle d'espèces préoccupantes, d'un système d'alerte et de réaction rapide pour permettre leur éradication en cas d'entrée sur le territoire, et de gestion des espèces déjà installées.
Les « intérêts des opérateurs, comme vendeurs d'animaux et agriculteurs, seront pris en compte », a souligné M. Potocnik. Il a relevé qu'en se mobilisant ainsi, l'UE suivait une voie déjà tracée par les Etats-Unis, le Canada et l'Australie.
Sans même attendre la mise en œuvre de la proposition de la Commission, quelque 15.000 perruches colorant le ciel bruxellois pourraient faire les frais de l'offensive européenne. Proliférant depuis la mise en liberté de premiers spécimens dans les années 1970 par un parc d'attractions, elles viennent d'être déclarées nuisibles, rapportait lundi l'agence belge Belga.