« Les producteurs de porcs souffrent en silence, malmenés par des coûts de production en forte hausse », a constaté Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine (FNP) lors d'une conférence de presse, le 20 février 2013.
A quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture, il a fait le point sur l'état de la filière porcine. Selon lui, il manque 20 à 30 centimes d'euro par kg de carcasse. Près de 70 % des éleveurs ont fini la mise aux normes de leurs bâtiments, mais 10 % cesseront leur activité.
« Le marché du porc français devient un acteur de second plan dans l'UE, derrière l'Allemagne et l'Espagne », déplore-t-il.
Pour alléger les contraintes et retrouver de la concurrence, Jean-Michel Serres espère un allègement de la réglementation sur les installations classées. « Nous proposons un régime intermédiaire “d'enregistrement” entre celui de la déclaration et les installations classées avec enquête publique. »
Mais avant tout, il faut miser sur la consommation. Le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes n'a jusqu'à présent pas rejailli sur la filière porcine, « ni en bien, ni en mal ». Mais cette fraude ajoute une pierre à l'édifice de la FNP, qui réclame un étiquetage sur l'origine nationale des viandes afin de conserver la confiance des consommateurs. « On devrait étiqueter 70 % de la production française. Mais sur les premiers prix, la distribution s'en moque [que l'origine France apparaisse, ndlr] ! »
L'association spécialisée de la FNSEA refuse une vague mention « origine UE » prôné par la Commission européenne. Elle appelle dans une lettre ouverte l'aval de la filière porcine – en particulier les charcutiers et les distributeurs – à promouvoir la démarche VPF (viande de porc française) et demande que l'essentiel du budget communication d'Inaporc serve à promouvoir et faire connaître le logo VPF.
« A part quelques grands groupes, les charcutiers sont des PME dont le marché est au mieux national. Ils auraient tout à gagner à s'appuyer sur des produits et des producteurs français. » Jean-Michel Serres estime qu'on pourrait « sécuriser les prix sur 20 à 30 % des produits » grâce à cet étiquetage.
Autre fraude qui pèse aussi sur les producteurs, celle de l'entente entre abatteurs pour tirer les prix du Marché du porc breton (MPB) de Plérin à la baisse. Les abatteurs viennent d'être condamnés par l'Autorité de la concurrence à une amende de 4,5 millions d'euros (dont 3 M€ pour Bigard). « Cette condamnation est normale », estime simplement la FNP, sans vouloir polémiquer sur cette histoire passée.
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