Les prix du soja ne devraient pas se replier dans les prochains mois. Sauf à envisager un krach boursier qui entraînerait dans son sillage les marchés des grains.
Sur le marché des protéines végétales, les éléments haussiers l'emportent largement sur les éléments baissiers, constate Anne Huitorel, directrice de Noble Ressources (un négociant international), qui ouvrait, mercredi à Paris, la journée consacrée aux matières premières organisée par l'Aftaa (1).
Du côté de la demande en soja, les opérateurs anticipent une augmentation de la consommation mondiale en 2012-13. L'offre s'affiche, elle aussi, à la hausse, au point de permettre une remontée du stock de fin de campagne. Et pourtant, la situation du marché promet de rester tendue.
Plusieurs explications sont avancées :
- Le moindre problème climatique ou logistique au Brésil (des temps d'attente de 60 jours ont été observés cette année dans les ports d'exportation) rendrait délicate la soudure entre les récoltes nord- et sud-américaines.
- Les pluies perturbent les semis de soja en Argentine.
- L'offre annuelle en colza et tournesol ne permet pas de compenser une difficulté sur le soja.
- Les fonds financiers se sont beaucoup désinvestis des marchés à terme des grains. « Les liquidations se sont faites. Je ne pense pas que l'on aille beaucoup plus bas », estime Anne Huitorel. La position des fonds est donc désormais, a priori, potentiellement haussière.
Face à de telles éventualités, un ralentissement des achats chinois de soja ou un éventuel accroissement des ventes de l'Inde – qui constitueraient des éléments baissiers – apparaissent secondaires. Si l'on se place du côté des importateurs de soja – à commencer par les fabricants d'aliments pour animaux –, « il y a plus à perdre qu'à gagner », résume Anne Huitorel.
Il reste l'hypothèse d'un krach boursier et/ou obligataire, qui entraînerait avec lui les marchés des grains. Un tel événement, favorisé par les difficultés économiques mondiales attendues en 2013, ferait également chuter les prix du pétrole et ceux des céréales, convient Luc Letierce, directeur des opérations chez Cap Seine.
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(*) Aftaa : Association française des techniciens de l'alimentation et des productions animales.
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