Le 4 octobre 2012 à Paris, le pôle de compétivité des industries et des agroressources (IAR) a livré les conclusions de quarante experts mondiaux réunis lors des Entretiens IAR-Bioraffinerie internationale, qui se sont déroulés à la fin de 2011 sur le thème de la bioraffinerie. Ces entretiens ont permis de confronter les points de vue autour des enjeux environnementaux, sociétaux et économiques que présentent les bioraffineries ou raffineries du végétal.
« Le concept de la bioraffinerie doit permettre de remplacer le pétrole par la biomasse agricole et forestière, a déclaré le professeur Daniel Thomas, vice-président du pôle de compétitivité IAR. Les recherches actuelles se concentrent sur la valorisation des plantes entières, ce qui permet de faire disparaître les déchets et les sous-produits qui sont entièrement valorisés en énergie » contrairement aux biocarburants de première génération.
« Ces nouveaux procédés de valorisation de la biomasse permettent d'avoir une empreinte écologique très faible, a-t-il ajouté. Les unités de bioraffinerie seront implantées à proximité des zones de production agricole et créatrices d'emplois. Nous souhaitons également une répartition harmonieuse de la valeur ajoutée entre les agriculteurs et les industriels. »
« La chimie du végétal a commencé au XVIIIe siècle, relayée ensuite par le charbon puis le pétrole pour fabriquer des produits chimiques, a retracé Jean-Paul Bachy, président du conseil général de la Champagne-Ardenne. Depuis une dizaine d'année, la matière végétale redevient une source pour fournir la chimie. Le développement de la chimie verte se fait grâce aux développements technologiques : on est passé d'une phase de recherche, à la mise en place de démonstrateurs et aujourd'hui, nous sommes à l'aube d'un développement industriel important ».
« La recherche a fortement évolué en ce qui concerne la fermentation et le développement de semences adaptées aux procédés industriels, a-t-il précisé. Le pôle de compétitivité IAR permet de rassembler les forces de recherche et de production (industrielles et agricoles) en s'appuyant sur deux régions à fort potentiel agricole : la Picardie et la Champagne-Ardenne. »
« Sans la première génération de biocarburants, la recherche sur la deuxième génération n'aurait pas pu avoir lieu, a tenu à rappeler Xavier Beulin, président de la FNSEA. Ceux qui remettent en cause la première génération, freinent le développement de la deuxième génération (2G) et de la chimie verte. Pour investir dans la 2G, il faut des acteurs et rien n'est pire pour ces acteurs que lorsqu'on leur annonce que leur durée de vie est incertaine (limitation du taux d'incorporation des biocarburants de 1ère génération à 7 %) et ce, d'autant plus que les unités construites à partir de 2004 ne sont pas amorties. »
Enfin, le président de la FNSEA a rappelé l'importance de la bioraffinerie pour faire face à la raréfaction du pétrole et relancer l'économie française. « Il ne faut pas oublier que dans cette période de crise, la bioraffinerie peut être l'un des piliers du redressement productif. »