La Société des agriculteurs de France, think-tank agricole, a organisé, le 18 décembre 2012 à Paris, sa deuxième journée de réflexion dans le cadre de ses travaux 2012-2013 sur les « cartes à jouer des agriculteurs dans des territoires en mouvement ».
Tout au long de la journée, les intervenants se sont succédé pour apporter des éléments concrets sur une réflexion nationale en ordre de marche. L'acte III de la décentralisation, voulu par le candidat Hollande, sera présenté aux députés et sénateurs à la fin de l'hiver. Cette réforme devrait accorder plus de pouvoirs aux Régions et clarifier les compétences entre l'Etat et les collectivités. Mais la décentralisation est-elle une opportunité pour les agriculteurs ?
Depuis quelques années, « les services déconcentrés de l'Etat (préfectures et sous-préfectures) sont rentrés dans une économie d'échelle qui ne permet plus de satisfaire la demande en services publics. Ce qui explique le manque de connexions entre les DDT et les agriculteurs », explique Gilles Van Peteghem, des syndicats des cadres de l'environnement, de la forêt et de l'agriculture. D'autant que les Régions disposent aujourd'hui de salariés compétents dans ces domaines.
« Les Régions sont à même d'envisager des politiques agricoles plus proches de leurs territoires », affirme Alain Chabrolle, vice-président du Rhône-Alpes à la santé et à l'environnement. Pourtant, s'agissant de production agricole, « la politique ne peut se résumer aux seules frontières régionales, au risque de créer des distorsions de concurrence entre les producteurs », réagit un participant. Une logique de bassin paraît plus adéquate pour organiser la synergie entre les différents territoires.
Pour l'avocat Pierre Morrier, « la décentralisation est davantage un risque pour les agriculteurs qu'une opportunité », appuyant sa remarque sur les propos de M. Lopez Garcia-Asenjo, directeur des relations internationales pour le syndicat agricole espagnol Asaja (Asociación Agraria de Jóvenes Agricultores). Au travers de l'exemple espagnol et de ses « territoires autonomes », le directeur du syndicat convient que ce système permet de se rapprocher des administrés « tout en créant un certain gaspillage de moyens et un coût supplémentaire important dans un pays en crise ».