La moitié des papillons des prairies ont disparu en vingt ans en Europe, un déclin qui devrait « déclencher la sonnette d'alarme » sur l'état de la biodiversité, a alerté le mardi 23 juillet 2013 l'Agence européenne de l'environnement (AEE) dans un rapport.
L'étude de l'AEE, conduite dans 19 pays du continent européen (la plupart appartenant à l'Union européenne), porte sur l'évolution de 17 espèces de papillons des prairies entre 1990 et 2011 : huit ont décliné dont l'Argus bleu, deux sont restées stables comme l'Aurore, et une a augmenté, annonce le rapport. Pour huit espèces, comme l'Hespérie du chiendent, la tendance est « incertaine ».
L'agriculture intensive est à l'origine de ce « déclin dramatique », ainsi que l'abandon de terres dans des régions montagneuses, principalement dans le sud et l'ouest de l'Europe, indique le rapport de l'AEE.
Le rapport suggère de débloquer des aides dans le cadre de la Pac en faveur des pratiques agricoles durables dans les zones à haute valeur naturelle (HNV, High nature value) en plus des programmes de soutien au maintien de la biodiversité.
« Quand l'exploitation de terres agricoles peu productives n'apporte que des petits revenus, et en l'absence ou quasi-absence de soutien de la politique agricole commune, les agriculteurs laissent leurs terres et leur entreprise à l'abandon. » Les anciennes parcelles se retrouvent rapidement à l'état de friches ou de bois, explique l'AEE.
« Une gestion appropriée est essentielle » également dans les prairies en zones classées Natura 2000, ajoute le rapport.
Dans certaines régions du nord-ouest de l'Europe, les papillons des prairies n'ont plus comme espace que les bords de route, des voies ferroviaires, ou encore les zones urbaines, précise-t-il.
Ces papillons « sont des indicateurs représentatifs des tendances observées pour la plupart des autres insectes », et donc de « la biodiversité et de la santé générale des écosystèmes », précise l'AEE.
« Ce déclin très important des papillons des prairies devrait déclencher la sonnette d'alarme », a déclaré le directeur exécutif de l'AEE, Hans Bruyninckx, dans un communiqué. « Si nous ne parvenons pas à maintenir ces habitats, nous pourrions perdre beaucoup de ces espèces pour toujours. »
« Nous devons reconnaître l'importance de ces papillons et d'autres insectes, la pollinisation qu'ils réalisent est essentielle pour les écosystèmes naturels et l'agriculture », ajoute-t-il.
(B.V. avec l'AFP)