Le recul de la surface mondiale du vignoble pourrait atteindre 60.000 ha en 2011, selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV). Malgré cela, la production de vin reste stable. Les évolutions par pays sont très contrastées : la France repasse ainsi devant l'Italie.
Avec son sympathique accent italien, Frederico Castellucci, le directeur général de l'OIV, est un homme qui ne mâche pas ses mots. La présentation du traditionnel bilan annuel de la conjoncture mondiale n'en est que plus vivante. « Est-ce que le programme d'arrachage de l'Europe a été une réussite ? », a-t-il commencé, « les statistiques de ces trois dernières années montrent que oui ».
En tenant compte de la possibilité d'arrachages complémentaires, la réduction du vignoble de l'Union européenne pourrait être comprise entre 50.000 et 55.000 ha, selon les experts de l'OIV. On le voit, l'érosion européenne explique pour beaucoup la réduction du vignoble mondial estimé à 60.000 ha. Sur la dernière campagne, les principaux pays concernés ont été l'Espagne (réduction du vignoble attendue proche de 28.000 ha), l'Italie (moins 9.000 ha), la France (moins 6.000 ha), la Hongrie (un peu plus de 2.000 ha) et le Portugal (moins de 1.000 ha).
« Les technocrates ne disent pas toujours n'importe quoi »
Frederico Castellucci a rappelé que sur les trois années du programme d'arrachage, c'est 175.000 ha qui ont ainsi disparu. « La commission visait un objectif de 400.000 ha. Cela a provoqué la colère des responsables professionnels. Il reste que si l'on totalise sur les trois ans le montant des demandes faites, on est presque à ce niveau. Preuve que les technocrates ne disent pas toujours n'importe quoi... »
Un autre chiffre mérite attention : celui de la production mondiale de vin. Les statisticiens l'estiment en 2011 comprise entre 264,3 et 275,2 millions d'hectolitres (Mhl). L'évolution par rapport à 2010 serait ainsi comprise entre -1,7 et +2,4 %. « En moyenne, on aurait une très légère progression de 1 Mhl, soit +0,4 % », a expliqué Frederico Castellucci. L'analyse par pays montre des disparités considérables. L'Italie enregistre un recul sensible de sa production (42,2 Mhl, en baisse de 13 % par rapport à 2010). L'Espagne a de nouveau une production modérée (35,4 Mhl, -2 %). Seule la France, avec environ 49,6 Mhl, progresse sensiblement. A noter aussi, les reculs des production en Grèce, au Portugal. Les seules hausses conséquentes correspondent à des retours à la normale. C'est le cas de l'Allemagne, de l'Autriche et de plusieurs pays de l'Est.
Une inconnue demeure : le niveau de la consommation. « A cette période de l'année, on ne dispose pas d'informations consolidées sur ce point », a précisé le responsable. « D'habitude, on recourt à une projection mais cet exercice s'expose à des incertitudes compte tenu de l'influence sur le secteur de la crise économique mondiale. »