La coopérative basque Lur Berri a affirmé, le vendredi 7 juin 2013, avoir fait le maximum pour sa filiale Spanghero et ne pouvoir accéder aux exigences d'indemnisation des 230 salariés de l'entreprise de Castelnaudary (Aude), menacée de disparaître à cause du scandale de la viande de cheval.
« Nous ne pouvons pas aller plus loin financièrement, ni non plus légalement », a déclaré Olivier Gémin, directeur général de Lur Berri. Le groupe coopératif n'a donc pas l'intention de présenter de nouveau paquet de mesures d'accompagnement social d'ici à mardi, comme le personnel l'a réclamé, a-t-il ajouté.
Depuis le scandale, Lur Berri a injecté dans Spanghero l'équivalent de trois fois son résultat net consolidé en 2012 et vient de présenter des mesures d'accompagnement de 1,3 million d'euros, alors qu'elle n'était pas tenue de le faire. Or, elle est comptable des intérêts du reste de la coopérative, avec ses 5.000 agriculteurs adhérents et 4.500 salariés, a souligné M. Gémin en réponse aux revendications des salariés. Ces derniers risquent d'être, pour une grande partie, voire tous, licenciés dans quelques semaines.
Leur entreprise a brutalement sombré depuis sa mise en cause par le gouvernement, à la mi-février, comme un acteur majeur du scandale européen de la viande de cheval. Les clients se sont massivement détournés d'une société accusée d'avoir sciemment revendu du cheval à la place de bœuf à des entreprises produisant elles-mêmes des plats cuisinés comme des lasagnes pour de grandes marques ou de grands distributeurs.
La société est en liquidation judiciaire depuis avril avec maintien de l'activité pendant trois mois jusqu'au 19 juillet, le temps, peut-être, de trouver un repreneur. Un plan social est en cours. Lur Berri a mis sur la table des mesures pour accompagner le départ de ceux qui seront licenciés. Mais les salariés, durement éprouvés et déterminés à faire payer Lur Berri, jugent ces mesures « méprisantes ». Elles reviennent, selon eux, à verser une indemnité de 2.000 euros en tout pour chaque salarié licencié, alors que les représentants du personnel demandent 1.000 euros par année d'ancienneté.
Le directeur général de Lur Berri a souligné que les mesures d'accompagnement proposées par la coopérative se surajoutaient aux dispositions du plan social et aux indemnités légales de licenciement, et qu'elles étaient « volontaires » de la part de Lur Berri, qui aurait pu s'en tenir au plan social puisque le sort de l'entreprise est désormais entre les mains d'un administrateur judiciaire.
Mais Lur Berri « partage le désarroi » des salariés et propose en outre 105 reclassements en CDI, à 80 % dans le Sud-Ouest, ce qui, en cas de reprise de Spanghero, pourrait préserver 85 % des emplois, a-t-il dit.
Comme Spanghero, Lur Berri s'estime « triplement victime » : du fournisseur qui a abusé l'entreprise de Castelnaudary ; de la décision inconsidérée du gouvernement de retirer à Spanghero ses agréments pour ses principaux métiers avant de les lui rétablir ; et de l'emballement médiatique. Le gouvernement a mené une communication « suffisamment habile pour se dédouaner des erreurs » qu'il a commises en retirant provisoirement les agréments, fait encore valoir Olivier Gémin.
Un représentant du personnel, Jean Aparicio (FO), a estimé que Lur Berri était en mesure de porter son effort de 1,3 à 2,5 millions d'euros. « On ne lâchera rien », a-t-il prévenu.