Les salariés de Spanghero, l'entreprise de Castelnaudary (Aude) menacée de disparaître à cause du scandale de la viande de cheval, ont bloqué l'entrée des marchandises de l'établissement Labeyrie de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) toute la journée du lundi 10 juin 2013, continuant à faire pression sur la maison-mère Lur Berri, a-t-on appris auprès des salariés et de la police.
Arrivés en car vers 6h00 devant l'usine, la cinquantaine de salariés présents n'a repris la route vers l'Aude qu'à 17h30, a indiqué Jérôme Lagarde (Force Ouvrière), secrétaire du comité d'entreprise (CE).
« L'action s'est déroulée sans incident car ils n'ont pas entravé les mouvements du personnel et n'ont bloqué que les entrées de marchandises, des livraisons qui sont simplement différées », a indiqué le chef du commissariat de Castelsarrasin, Eric Mareschal.
« Cela s'est très bien passé avec le personnel de Labeyrie, leur CE a même fait un don financier et une grande surface voisine nous a apporté des vivres », a commenté M. Lagarde.
C'est la troisième opération menée en moins d'une semaine par les employés de Spanghero contre la coopérative basque Lur Berri, qui a racheté leur entreprise en 2009 et détient aussi 49,8 % du capital de la maison mère de Labeyrie depuis 2010. Les salariés avaient bloqué, jeudi, l'entrée d'une usine de produits Labeyrie à Saint-Geours-de Maremnes (Landes), et avaient manifesté, vendredi, devant le siège de Luc Berri à Aïcirits-Camou-Suhast (Pyrénées-Atlantiques). Ils ne « lâcheront rien », disent-ils.
Les 230 salariés de Spanghero veulent obtenir de Lur Berri plus d'argent pour accompagner leur plan social. « Nous attendons une réponse à nos demandes sur le plan social mardi », a indiqué le secrétaire du CE.
Les salariés de Spanghero risquent d'être pour une grande partie, voire tous, licenciés dans quelques semaines. Leur entreprise a brutalement sombré après avoir été mise en cause par le gouvernement, à la mi-février, comme un acteur majeur du scandale européen de la viande de cheval. Les clients se sont massivement détournés d'une société accusée d'avoir sciemment revendu du cheval à la place de bœuf à des entreprises produisant elles-mêmes des plats cuisinés comme des lasagnes pour de grandes marques ou de grands distributeurs.
La société est en liquidation judiciaire depuis avril avec maintien de l'activité pendant trois mois jusqu'au 19 juillet, le temps de, peut-être, trouver un repreneur. Un plan social est en route. Lur Berri a mis sur la table des mesures pour accompagner le départ de ceux qui seront licenciés. Les salariés les trouvent très insuffisantes.