L'éloignement des médecins, les dépassements d'honoraires et les délais d'attente pour un rendez-vous dessinent une « intolérable fracture sanitaire », dénonce l'Union fédérale des consommateurs (UFC-Que choisir) dans une étude rendue publique le 16 octobre 2012. Les zones rurales sont en première ligne, mais n'ont pas l'exclusivité des difficultés d'accès aux soins.
Avec l'appui d'une société spécialisée dans la géolocalisation, l'UFC-Que choisir a mesuré, pour chaque commune, les temps de trajet entre le domicile et les médecins les plus proches, posant comme hypothèse que l'offre de soins réputée disponible se trouve à moins de 30 minutes pour un généraliste, à moins de 45 minutes pour un spécialiste. Cet éloignement géographique a été affiné en prenant en considération les tarifs pratiqués par les médecins : aucun dépassement d'honoraires, jusqu'à 40 % de dépassement d'honoraires (c'est leur niveau médian), honoraires libres.
Le résultat se présente sous la forme de cartes de « l'intolérable fracture sanitaire », commente l'UFC, qui parle de « désert médical » quand l'offre de soins se situe 60 % en dessous de la moyenne nationale et d'« accès difficile » quand cette offre se situe entre 30 % et 60 % de la moyenne nationale.
Selon l'UFC, les déserts médicaux ne concernent qu'« à la marge » les médecins généralistes dans la mesure où seulement 5 % ou 6 % de la population se situent à plus de 30 minutes d'un cabinet. Toutefois, un « accès difficile » concerne 22 % de la population si l'on ne considère que les médecins ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires.
Dans le cas des pédiatres, l'UFC parle de désert médical pour 20 % à 28 % de la population (selon que l'on considère ou non les dépassements d'honoraires). Les proportions montent à 13 % à 45 % pour les ophtalmologistes, et à 16 % à 54 % pour les gynécologues.
Fait aggravant, la durée d'attente pour un rendez-vous (non urgent) augmente si l'on ne veut consulter que des médecins n'appliquant pas de dépassement d'honoraires : 20 jours au lieu de 15 pour un pédiatre, 145 jours au lieu de 109 pour un ophtalmologiste. L'UFC parle de « triple peine pour les moins aisés ».
L'étude constate que « la désertification médicale touche majoritairement les zones rurales ». Pour les spécialités médicales analysées, la quasi-totalité du territoire est classée en désert médical ou en accès difficile dès lors que l'on ne considère que les praticiens ne pratiquant pas de dépassement. Mais c'est la même chose en Ile-de-France ! Commentaire de l'UFC : « L'exclusion sanitaire liée à la capacité financière des usagers ignore, elle, la segmentation ville/campagne. »
Téléchargez l'étude sur l'accès aux soins en France réalisée par l'UFC-Que choisir.