Les pesticides très dangereux doivent être éliminés progressivement dans les pays en développement, estime la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, après la tragédie des 23 écoliers empoisonnés en Inde le 16 juillet 2013. Ils avaient ingéré un repas à la cantine dans lequel avait été rajouté un insecticide considéré comme particulièrement dangereux par la FAO et l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, dans des conditions qui restent imprécises à notre connaissance.
Selon un rapport médical, l'huile de cuisson contenait un insecticide organophosphoré, cinq fois plus concentré que dans une préparation commerciale, a rapporté l'AFP.
Mardi 30 juillet, la FAO a déclaré dans un communiqué que « la tragédie de Bihar, en Inde, où ont trouvé la mort 23 écoliers après avoir mangé à la cantine un repas contenant du monocrotophos, nous rappelle l'urgence d'accélérer le retrait des pesticides hautement toxiques des marchés des pays en développement ».
« L'expérience de nombreux pays en développement montre que la distribution et l'utilisation de telles substances hautement toxiques mettent souvent en péril la santé publique et l'environnement », souligne la FAO. D'ailleurs le monocrotophos a déjà été interdit dans de nombreux pays par des gouvernements soucieux de « préserver la santé des personnes et de l'environnement ». C'est le cas en Australie, en Chine, dans l'Union européenne et aux Etats-Unis, ainsi que dans de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, détaille la FAO.
On peut difficilement dire pour l'heure si la tragédie de Bihar est d'origine accidentelle ou volontaire : une perquisition chez la directrice de l'école qui avait pris la fuite après l'incident avant de se rendre à la police aurait révélé la présence de sacs de fertilisants et de pesticides posés près de sacs de pommes de terre et de riz.
Une chose est certaine, comme l'écrit la FAO, c'est que cet incident « souligne que le stockage des pesticides et l'élimination en toute sécurité de leurs conteneurs vides sont des mesures de réduction de risques tout aussi cruciales que les règles de terrain plus diffuses comme le port de masques et de tenues de protection appropriés ».
La FAO considère que le cycle complet de distribution et d'élimination des pesticides dangereux « comporte des risques considérables et les mesures de sauvegarde sont difficiles à appliquer dans de nombreux pays ».
Plusieurs organisations internationales, dont la FAO, l'OMS et la Banque mondiale, estiment que les substances hautement toxiques ne devraient pas être à la portée des petits agriculteurs « qui n'ont ni les connaissances, ni les pulvérisateurs, ni les vêtements de protection, ni les installations de stockage pour pouvoir les gérer de façon adéquate ». En comparaison, en France ces pratiques devront être obligatoirement conditionnées par l'obtention par les professionnels amenés à manipuler les produits phytosanitaires d'un « Certiphyto » à partir du 1er octobre 2014.
La FAO recommande aux gouvernements des pays en développement de retirer au plus vite les pesticides très dangereux du marché.
« Il existe des substituts non chimiques et moins toxiques » comme la lutte intégrée contre les ravageurs, insiste la FAO. « En général » elle s'avère être une technique « efficace et plus durable, tout en permettant de réduire le recours aux pesticides », précise l'organisation.
Le Code de conduite international sur la gestion des pesticides, adopté par les Etats membres de la FAO, établit des normes volontaires à l'intention de tous les organismes publics et privés s'occupant de la gestion des pesticides, rappelle l'organisation. Ce code, assure la FAO, « stipule qu'il peut être envisagé d'interdire l'importation, la distribution, la vente et l'achat de pesticides très dangereux s'il est établi [...] que les mesures de réduction des risques ou les bonnes pratiques commerciales sont insuffisantes pour garantir une manipulation du produit excluant tout risque inacceptable pour l'homme et pour l'environnement ».