Le Parlement européen attend de la future Pac qu'elle permette de « réduire l'utilisation et les coûts des intrants » nécessaires à la production agricole. Il a approuvé, jeudi, une résolution en ce sens.
Réuni le jeudi 19 janvier 2012 en session plénière, le Parlement européen a voté, à main levée (c'est-à-dire à une très large majorité), le « rapport sur la chaîne de distribution des intrants agricoles » présenté par l'eurodéputé José Bové (Les Verts) – rapport qui avait été préalablement approuvé, le 23 novembre 2011, par la commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement.
Le rapport part d'un constat : le décrochage qui s'est opéré entre le prix des produits agricoles et celui des intrants nécessaires à leur production, décrochage qui met à mal l'équilibre économique des exploitations et compromet la pérennité de nombre d'entre elles.
Selon l'office européen des statistiques (Eurostat), « les coûts des intrants des agriculteurs de l'Union ont grimpé en moyenne de près de 40 % entre 2000 et 2010, contre moins de 25 % pour les prix au départ de la ferme ; au cours de cette décennie, l'augmentation des coûts des intrants a atteint 60 % pour l'énergie et les lubrifiants, près de 80 % pour les engrais synthétiques et les amendements pour sol, plus de 30 % pour les semences et les stocks de plantation et près de 13 % pour les produits phytosanitaires ».
Le rapport attire également l'attention sur le manque d'autonomie de l'agriculture européenne, laquelle doit largement s'appuyer sur l'importation pour s'approvisionner en énergie, en engrais ou en aliments pour animaux (tourteau de soja). En conclusion, le Parlement « plaide pour que la nouvelle Pac intègre des mesures de soutien spécifiques pour une gestion meilleure et plus efficace des ressources et des pratiques durables susceptibles de réduire l'utilisation et les coûts des intrants ».
Le rapport formule une quarantaine de recommandations d'ordre général ou sectoriel, parmi lesquelles :
- « accroître la transparence des prix des intrants » ;
- « réagir aux abus de position dominante [...], notamment dans le secteur des engrais » ;
- « promouvoir les investissements dans les économies d'énergie » ;
- soutenir la diversification des cultures et le développement des légumineuses, des protéagineux et des plantes fourragères telles que le lin, le triticale ou les fèves ;
- « conserver [...] la possibilité pour les agriculteurs d'utiliser des semences produites et transformées dans leur exploitation » ;
- rechercher de « meilleurs systèmes d'irrigation, de drainage et d'accumulation des eaux » ;
- promouvoir l'agriculture de précision.
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