Saisi le 11 mars 2010 par le ministère de l'Agriculture, le Haut-Conseil des biotechnologies a rendu mercredi un avis sur la pomme de terre transgénique « Amflora » enrichie en amylopectine.
Il propose une série de mesures d'accompagnement en cas de culture de cette pomme de terre développée par BASF et dont la mise en culture et l'utilisation dans l'industrie et l'alimentation animale ont été autorisées le 2 mars 2010 par Bruxelles. Ces préconisations seront subordonnées au décret définissant le « sans OGM » et aux mesures de coexistence qui en découleront pour la filière.
Cet avis est composé d'un avis du Comité scientifique (CS) et d'une recommandation du Comité économique, éthique et social (CEES).
Le premier indique que les « études toxicologiques n'ont pas identifié de risque majeur lié à la consommation de ce végétal ». Le CS, présidé par Jean-Christophe Pagès, estime par ailleurs que la présence d'un gène de résistance à des antibiotiques de la famille des aminoglycosides, molécules utilisées en médecine vétérinaire et humaine, dans la pomme de terre Amflora ne constitue pas un « risque singulier pour l'environnement et la santé ».
Selon les scientifiques, les risques de dissémination de cette pomme de terre sont limités du fait de la biologie de la pomme de terre (multiplication par voie végétative, faible dispersion du pollen, absence d'espèces sauvages interfécondes en France, survie improbable hors conditions agricoles), et des caractéristiques de la variété Amflora (peu fertile, sensible au mildiou).
« La culture de cette pomme de terre ne constituerait pas de risque particulier pour l'environnement », estime le comité scientifique. Le CS recommande toutefois l'adoption de « mesures appropriées pour minimiser le risque résiduel de dissémination et assurer la coexistence des filières lors de l'obtention des plants et la culture des pommes de terre ».
Mais le CEES, présidé par Christine Noiville, diverge sur le sort à réserver, dans la décision politique, au gène marqueur de résistance aux antibiotiques. Pour certains, l'autorisation de cette pomme de terre véhiculerait « un message négatif au regard des efforts de prévention des résistances aux antibiotiques ».
D'autres invitent à « prendre acte de l'absence de risque à laquelle concluent les scientifiques ». Le CEES estime enfin que « dans la situation actuelle, la pomme de terre Amflora, dont les débouchés sont en tout premier lieu papetiers, ne constituera pas une réponse aux difficultés économiques traversées par la filière féculière ».
Les ministères de l'Agriculture, de l'Ecologie, de la Recherche ont indiqué mercredi dans un communiqué que « le gouvernement se fondera sur les analyses détaillées délivrées par le comité scientifique et le comité économique, éthique et social du HCB pour prendre toute décision relative à la pomme de terre Amflora ». Mais ils précisent qu'à ce stade, « aucun opérateur ne souhaite développer cette culture en France ».
Téléchargez l'avis et la recommandation du HCB.