Les cotations ont repris mardi au marché du porc breton (MPB), avec seulement cinq acheteurs. Et seuls deux d'entre eux, représentant la grande distribution, ont respecté le prix revalorisé à 1,40 €/kg préconisé par le gouvernement.
Dès l'ouverture du marché, en l'absence de la coopérative Cooperl et de Bigard/Socopa qui représentent près de 30 % des achats et dont l'absence la semaine dernière avait provoqué le report des cotations, la grande distribution, habituellement désignée coupable des difficultés financières agricoles, a montré qu'elle respectait ses engagements. Josselin Porcs Abattage (Intermarché) et Kermené (Leclerc) ont bien acheté, au MPB où s'établit le prix de référence national, leurs lots à 1,40 €/kg, objectif fixé par le gouvernement lors de négociations avec la filière à la mi-juin.
« Les acheteurs de Kermené (E Leclerc) (...) ont acheté environ 15.000 cochons », a expliqué mardi dans son blog Michel-Édouard Leclerc, PDG du groupe. « Ils ont donc tenu les engagements du groupe E. Leclerc (...) à l'égard des éleveurs, tout comme ceux d'Intermarché d'ailleurs (qui a acheté environ 3.000 bêtes) », a-t-il ajouté. De son côté, Serge Papin, PDG du groupement de distributeurs indépendants Système U, qui passe par la Cooperl pour ses achats de porcs, a assuré mercredi que « si la Cooperl paye à la production moins cher (que les 1,40 €/kg), nous payerons la différence ».
Mardi, à Plérin - qui représente 15 % des ventes de porcs en France chaque semaine - ce sont donc les trois autres acheteurs non issus de la grande distribution qui ont emmené les lots à des prix avoisinant les 1,373 €/kg, à la limite du prix plancher. Ils n'ont que très rarement dépassé les 1,38 €/kg, tirant la moyenne vers le bas, à 1,389 €/kg contre 1,404 €/kg lors de la dernière cotation du 6 août.
Deux de ces acheteurs font partie du même groupe, SA Bernard et SA Charles : le groupe Jean Floc'h, basé à Locminé (Morbihan, CA de 440 ME). Le groupe fait de la découpe pour vendre de la viande fraiche ou surgelée, mais aussi des salaisons et charcuteries, ainsi que de la conserverie. L'autre acheteur est Abera (Glon-Sanders/Sofiproteol), basé à Saint-Brice-en-Coglès (Ille-et-Vilaine, CA 172 ME), qui pratique l'abattage et la découpe de porcs.
« Les deux acheteurs de la grande distribution ont la faculté à répercuter le prix directement » car ils maîtrisent toute la filière, a expliqué à l'AFP Guillaume Roué, président de l'Interprofession nationale porcine (Inaporc). « Ils sont les seuls à s'être engagés auprès du ministre pour un prix à 1,40 », souligne-t-il. Mais les autres acheteurs « sont dans la même configuration que Cooperl et Bigard », soumis au stade de la transformation, notamment en charcuterie/salaison, à la concurrence de la viande à bas coût venue des autre pays européens, explique le président de l'Inaporc.
Nouvelle cotation jeudi
Mardi, sur les 49.389 porcs présentés au marché, 33.641 ont été vendus. Mais les 15.748 porcs restants ne seront peut-être pas tous proposés de nouveau à la vente lors de la prochaine cotation de jeudi. Car, dans ces invendus, se trouvent notamment tous les lots du groupement Triskalia, coopérative agricole qui vend ses animaux à Bigard/Socopa. Et le groupe a rappelé à plusieurs reprises qu'il continuerait à acheter la même quantité de porcs, mais en direct, sans passer par le MPB, au prix de référence fixé par le marché. Des éleveurs, contactés par l'AFP, ont confirmé ces achats, hors cadran, au prix du marché.
La Cooperl, de son côté, achète toujours ses porcs à ses 2.700 adhérents/producteurs, mais plus au cadran. Donc, jeudi, une partie seulement des près de 16.000 porcs désignés comme « invendus » par la direction du MPB mardi seront de nouveau présentés, principalement ceux habituellement achetés par la Cooperl. La présence de la Cooperl au marché de jeudi est soumise désormais à des discussions avec les représentants du MPB, a déclaré mardi Patrice Drillet, président de la Cooperl, à l'issue d'une rencontre avec le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, qui a reçu mercredi le groupe Bigard, qui ne s'est pas engagé à revenir au MPB.
« Un marché, de mon point de vue, a sa représentativité quand l'ensemble des opérateurs sont présents. Il faut impérativement l'ensemble des acteurs autour de la table », a martelé M. Roué.
A télécharger : Crise porcine : la communication de Stéphane Le Foll le 19 août en Conseil des ministres