Une centaine d'apiculteurs qui occupaient vendredi un centre de Monsanto à Monbéqui (Tarn-et-Garonne) pour exiger l'interdiction du maïs OGM en France ont évacué les lieux en fin de journée, ont indiqué les manifestants.
Les participants, qui demandaient un arrêté « interdisant la vente et la culture du Mon 810 », ont levé le camp après avoir obtenu des rendez-vous aux ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie la semaine prochaine, selon Guy Kastler, un des responsables de la Confédération paysanne à l'origine de l'action.
Par ailleurs, un représentant du préfet leur a garanti qu'une clause de sauvegarde assurant l'interdiction de vendre et semer cet OGM serait bien prise, comme l'a dit en novembre la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, a rapporté le président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), Olivier Belval.
« Nous demandons un arrêté interdisant la vente et la culture du Mon 810 et l'interdiction de tous les OGM produisant du nectar ou du pollen », qui pourraient polluer le miel, a déclaré un apiculteur de l'Hérault, Jean Sabench, porte-parole de la Confédération paysanne à l'origine de l'action.
Une vingtaine d'apiculteurs entassés dans une camionnette se sont introduits en catimini sur le site en se faisant passer pour des livreurs puis ont ouvert grand les grilles à plusieurs dizaines d'autres, venus de tout le Sud-Ouest.
Revêtus pour certains de tenues blanches avec un voile protégeant leur visage, ils ont apporté dans les locaux deux ruches et des enfumoirs, avant d'appeler par téléphone des responsables du ministère de l'Ecologie.
Ils réagissent à l'annulation par le Conseil d'Etat à l'automne dernier de la suspension de culture du maïs OGM Monsanto. Cette suspension avait été décidée par le gouvernement en février 2008. La culture de maïs OGM risque de rendre leur miel impropre à la consommation humaine, s'alarment les apiculteurs.
Le président Nicolas Sarkozy a affirmé en novembre que le gouvernement maintenait son « opposition » à la culture du maïs OGM Monsanto 810 sur le territoire français, et la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a promis que la France déposerait une nouvelle clause de sauvegarde avant la prochaine saison de semis, au printemps.
Mais les apiculteurs veulent une décision immédiate du gouvernement car le maïs pourrait être semé dès février, étant donné les conditions climatiques actuelles.
Les apiculteurs font valoir que ces cultures mettent leur filière en péril car la Cour de justice de l'Union européenne a décrété tout produit contaminé par les OGM « impropres à la consommation humaine », a expliqué André Pruneddu, qui élève des abeilles dans l'Hérault.
Pour Jean Sabench, il y va de la survie de l'apiculture, « déjà en difficulté », mais aussi de celle des abeilles, des pollinisateurs essentiels dont la disparition aurait de lourdes conséquences sur l'environnement et l'agriculture.
Le responsable du site Monsanto de Monbéqui, Luc Pélétengeas, s'est insurgé contre cette action, estimant que le dialogue aurait pu se nouer d'une autre manière.