Le loup est désormais dans la Meuse, à 250 kilomètres à peine de Paris, trois ans après sa réapparition dans les Vosges en région Lorraine, a annoncé mardi la préfecture du département.
Des attaques de troupeaux en octobre 2013 avaient éveillé les soupçons. Ce n'est que le 18 avril qu'un loup a été photographié par un appareil à déclenchement automatique de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). La présence du prédateur était alors confirmée dans la Meuse, où il s'en est pris à 13 troupeaux ovins, faisant une trentaine de victimes dans le sud du département.
« A ce jour, nous recensons 13 attaques, exclusivement sur troupeaux ovins, totalisant une trentaine de victimes, pour un montant indemnisé de 5.000 euros », indique la préfecture. « Une étude sur la vulnérabilité du système pastoral à la prédation du loup en Meuse a été lancée. »
La plupart des prédations enregistrées depuis le début de l'année ont été constatées au nord de Bar-le-Duc, le chef-lieu du département, dans un secteur proche de Saint-Mihiel.
Entrés à nouveau en France au début des années 1990 par l'Italie et durablement installés dans les Alpes, les loups ne cessent de coloniser de nouveaux territoires : partie orientale des Pyrénées, Massif central, Vosges, Haute-Marne et plus récemment l'Aube.
Canus lupis semble poursuivre sa marche vers le nord et l'ouest de la France. Le 31 janvier dernier, le cadavre d'un adulte tué par balle a été découvert par un chasseur à Coole, dans la Marne, soit à 160 kilomètres de Paris.
Ils augmentent leur aire de répartition en moyenne « de 20 à 25 % par an », indique à l'AFP Eric Marboutin, en charge du suivi des populations à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
A la fin de l'hiver, ils étaient environ 250 individus, avec une augmentation de 20 % des effectifs par an, poursuit-il.
« Le loup peut recoloniser quasi n'importe quel écosystème, comme la forêt des Landes, le bocage normand ou les plaines de l'agriculture intensive », explique M. Marboutin. Il cherche avant tout « des zones avec des proies en abondance et des coins tranquilles pour les périodes critiques de son cycle biologique, comme les périodes de mise bas », ajoute-t-il, précisant que les loups se nourrissent à 75 % d'ongulés sauvages et à 25 % d'espèces domestiques.
Les attaques contre l'homme sont en revanche « très, très rares », et uniquement quand l'animal est enragé où quand on fouille dans sa tanière.
Dès que la meute devient trop nombreuse, des individus quittent le groupe pour coloniser de nouvelles zones. Mais nul ne peut anticiper. « On n'a aucune idée des facteurs qui font que le loup s'installe, ou ne s'installe pas, à un endroit. »
Si aujourd'hui, 75 % des Français considèrent que le loup a « toute sa place » dans le pays, l'image qu'ils en ont « pourrait changer à la faveur de son extension », prédit Jean-Marc Moriceau.
A l'instar des éleveurs exaspérés, voire désespérés, de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui se plaignent du « plan loup » du gouvernement, veulent des actions plus musclées et réclament qu'il ne soit plus traité comme une « espèce protégée ».