Alors que jusqu’à présent « seule une minorité des professionnels du lait défendait la mise en place d’un système de gestion de l’offre aux États-Unis, le ralliement récent de la National Milk Producers Federation (NMPF) marque un réel changement », indique une note de veille du ministère de l'Agriculture parue en décembre 2010.
Les éleveurs laitiers américains « ne sont pas épargnés par les conséquences des fortes fluctuations des prix du lait », et ce malgré une politique laitière « déjà dotée de nombreux instruments », prévient le document du ministère de l'Agriculture.
La note explique que « certains éleveurs ont proposé, dès 2007, la mise en place d’un système de gestion publique des quantités produites visant à stabiliser les prix ». Mais c'est avec le ralliement de la NMPF, qui représente les coopératives laitières et la « quasi-totalité du lait américain » collecté, que ces propositions ont trouvé un écho auprès des élus américains.
La NMPF propose avec « Foundation for The Future » une réforme « plus globale de la politique laitière américaine, comprenant la suppression des mécanismes d’intervention et l’évolution des aides contracycliques vers des aides fondées sur les marges des producteurs et non plus sur le seul prix du lait », détaille la note ministérielle.
Selon son auteur, les industriels laitiers « sont pour l’instant peu favorables au dispositif ».
Mais ces propositions législatives en faveur d’un Dairy Market Stabilization Program (DMSP) ont été introduites au printemps en débat à la Chambre des représentants (12 mai 2010) et au Sénat (24 juin).
« Concrètement, il s’agirait de définir trimestriellement, sous la responsabilité du secrétaire d’État à l’Agriculture, un taux de croissance objectif de la production laitière par rapport à celle du même trimestre de l’année précédente. Serait ainsi attribué à chaque producteur un volume trimestriel de production (Allowable Milk Marketing). Tout producteur dépassant ce volume aurait à s’acquitter d’une pénalité sur l’ensemble de sa production (Market Access Fee) », explique le document du ministère.
« Alors que l’Union européenne a choisi de ne pas reconduire son système de quotas laitiers après le 31 mars 2015, les propositions en faveur d’une gestion flexible des volumes qui semblent se concrétiser outre-Atlantique pourraient certainement inspirer le Vieux Continent », estime l'auteur.
Intégrer le prix du lait et celui des aliments « La politique laitière américaine ne permet pas de stabiliser les prix du lait payés aux producteurs, elle en limite seulement les conséquences. » Pour Marie-Sophie Dedieu, du Centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture, auteur de cette note de veille, le système de fixation du prix du lait payé aux producteurs américains est un « moyen de contrôler les marges des transformateurs, mais ne garantit en rien la stabilité des prix à la production ». Ainsi, explique t-elle, l’intérêt du nouveau système proposé « réside dans sa flexibilité ». Ses supporteurs proposent de « définir le taux de croissance de la production et le montant des taxes en fonction d’un indicateur intégrant à la fois le prix du lait et le prix de l’alimentation animale ». « Ainsi, les prélèvements seraient d’autant plus élevés que la marge des producteurs est faible afin d’inciter plus fortement à une baisse de la production pour redresser les cours. » Les montants prélevés seraient redistribués par l’USDA (le ministère de l'Agriculure des USA) aux producteurs respectant le volume qui leur est attribué. Le dispositif ne fonctionnerait donc pas sur une référence historique mais sur une référence mobile, décalée d’un an afin de tenir compte de la saisonnalité de la production. De plus, le transfert de ces « droits à produire » d’un nouveau type serait limité aux cas de cession-reprise d’exploitation », précise M.-S. Dedieu. |