L'orientation proposée par le Groupe d'experts de haut niveau sur le lait, qui a remis ses conclusions mardi à Bruxelles, « ne donne pas de perspectives aux producteurs », a regretté la Coordination européenne Via Campesina, dont la Confédération paysanne et le Modef sont membres.
« Les experts des 27 Etats membres n'ont pas travaillé sur les questions essentielles de la régulation de la production, des structures et modes de production, de l'arrêt du dumping à l'exportation, de la répartition de la production dans l'UE », déplore l'organisation, dans un communiqué.
Les propositions du Groupe de haut niveau « sont une étape supplémentaire dans l'abandon d'une politique laitière européenne, laissant aux Etats membres et aux laiteries des choix qui vont accentuer les distorsions entre pays et entre producteurs », estime-t-elle.
La contractualisation, qui est une des solutions proposées par les experts, « ne va pas réguler la production européenne », selon Via Campasina. « Dans un contrat entre le producteur et une laiterie, cette dernière sera le plus souvent en position de force et les contrats seront plus favorables aux gros producteurs qu'aux petits et moyens producteurs ».
Concernant une éventuelle possibilité pour les organisations de producteurs de négocier les contrats, l'organisation affirme que « sans régulation publique européenne de la production adaptant la production à la demande, il n'y aura jamais de bonnes conditions de négociations entre organisations de producteurs et laiteries ».
Le Groupe de haut niveau, « trop soucieux des intérêts de l'industrie et de la distribution, ne propose pas de mesure significative » pour améliorer la transparence des marges dans la filière laitière, juge Via Campesina.
En ourtre, elle « s'oppose à la mise en place de marchés à terme du lait, favorables seulement à l'industrie et aux financiers, pas aux producteurs. Ils iraient de pair avec la contractualisation ».
Concernant l'étiquetage de l'origine des produits, l'organisation « demande un étiquetage obligatoire du lieu de production et du lieu de transformation du lait ».
Sur l'innovation, la recherche et la compétitivité, Via Campesina souhaite que les soutiens portent maintenant « sur des modes de production durables, basés sur des fourrages locaux, diminuant le réchauffement climatique, favorisant la biodiversité et produisant des externalités positives sur le plan social et environnemental ».
Sur la même ligne, la Confédération paysanne dénonce « l'inadéquation des politiques menées tant en France dans le projet de LMA (loi de modernisation agricole) que dans l'Union européenne » et « exige des politiques qu'ils donnent un avenir à tous les paysans ».
Elle annonce qu'elle « sera présente les 29, 30 juin et le 1er juillet devant l'Assemblée nationale, pour continuer la lutte démarrée au printemps de 2009 ».
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