Producteurs de lait, coopératives et industriels reprennent mercredi les négociations interprofessionnelles pour tenter de trouver un accord sur une hausse du prix du lait pour 2010 et ouvrir une perspective pour 2011.
« Nous allons à cette réunion pour concrétiser les avancées de la semaine dernière », a déclaré Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL).
« Si certaines entreprises ont affiché leur (bon, NDLR) état d'esprit, cela n'a pas été le cas pour tout le monde. Demain il faut que tout le monde soit sur la même longueur d'onde », a-t-il ajouté, brandissant la menace, en cas d'échec, de nouvelles actions de protestation, sans préciser lesquelles.
Selon lui, « sur 2010, il n'y a plus grand chose à discuter, ce qui reste à voir c'est comment l'on va aborder l'année 2011 », et surtout la question de la compétitivité entre la France et l'Allemagne, pays où le lait est moins cher.
Cette rencontre fait suite à la visite jeudi dernier de producteurs dans certaines laiteries pour obtenir une reprise des négociations alors que le prix du lait pour le troisième trimestre (juillet-septembre) n'était toujours pas connu.
Ils avaient réussi à décrocher un début d'accord avec les industriels sur une hausse des prix du lait, ce qui les avait conduit à suspendre leur appel au boycott de produits de certaines laiteries.
L'écart de prix entre le lait français et le lait allemand, moins cher, constitue le principal point d'achoppement des négociations: les fabricants de produits laitiers font valoir qu'en 2009, le lait français a été en moyenne de 35 euros pour 1.000 litres supérieur à celui d'outre-Rhin. Pour le premier semestre, les tarifs français étaient encore de neuf euros supérieurs.
En mars, lors d'une des dernières crises du secteur, le gouvernement avait imposé un accord qui prévoyait notamment la prise en compte d'un indicateur de compétitivité.
Ce critère devait entrer en vigueur le 1er juillet mais aucun accord n'a pu être trouvé sur la façon de le calculer, les producteurs entendant profiter de la reprise sur les marchés mondiaux après une année 2009 « catastrophique » avec une baisse de plus de 50% de leurs revenus.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, leur a apporté son soutien la semaine dernière. Il a appelé à la signature rapide d'un accord, soulignant que les producteurs devaient être « correctement rémunérés » et a promis un plan de développement de la filière.
La contractualisation et la gestion des volumes de production constitue également un sujet de discussion important entre les acteurs de la filière, alors que la fin des quotas se profile pour 2015.
La Confédération paysanne a fait savoir, mardi, dans une « lettre ouverte au président du Cniel » (interprofession laitière), qu'elle « attend à ce jour une invitation » pour participer à la réunion de mercredi. « Si elle ne la reçoit pas, elle s'invitera », insiste-t-elle.
« La Confédération Paysanne a décidé de porter à cette réunion les attentes des paysans, de ceux qui se sont sentis trahis par la signature de la FNSEA (de l'accord sur l'évolution du prix du lait, NDLR) en juin 2009 et qui se sentent floués par les méthodes actuelles. De ceux qui ne survivront pas à la tentative de mise en place de la contractualisation et du double prix à leur insu, sans accord professionnel large. », explique le syndicat
« Il serait inconcevable que la FNSEA, qui ne représente guère plus de 50% des producteurs, soit seule à la table pour décider combien de producteurs de lait devront abandonner leur ferme au profit des quelques agri-managers, laissant au passage des territoires ruraux de plus en plus vides de population, d'activités, de vie », poursuit-il
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