Les fortes chutes de neige ont bloqué le ramassage du lait et les enlèvements de silos de betteraves... alors que la plupart des routes du département ont été déneigées par des agriculteurs. Une situation bien paradoxale.
Les deux épisodes neigeux qui se sont succédé dans l'Aisne, le week-end du 19 décembre et le 24 décembre ont complètement perturbé la circulation sur les axes routiers du département et du même coup fortement compliqué la vie des agriculteurs.
« S'ils ont spontanément sorti leurs tracteurs ou leurs télescopiques pour dégager les centaines de voitures prisonnières des congères, puis prêté main forte pour déneiger bénévolement de très nombreuses communes, ils n'ont pas été récompensés de leurs efforts », souligne Philippe Dufresne, de la chambre d'agriculture.
« Les camions ne pouvaient pas circuler, des éleveurs ont été contraints de jeter leur lait. De même, les silos de betteraves n'ont pas pu être enlevés aux dates prévues, ce qui a complètement perturbé l'alimentation des sucreries. Des éleveurs de porcs et de volailles ont aussi été gênés parce qu'ils ne pouvaient pas être livrés en aliment et inversement, les animaux qui devaient partir, restaient coincés dans les élevages », explique-t-il.
A cause des fortes chutes de neige, la préfecture de l'Aisne avait décidé d'interdire totalement la circulation des poids lourds de plus de 7,5 tonnes sur les axes routiers du département. Mais lorsqu'elle a commencé à accorder ponctuellement des dérogations pour le transport des betteraves et du lait notamment, cela ne voulait pas forcément dire que le réseau était praticable partout par les camions.
Le 29 décembre 2010, soit cinq jours après les dernières chutes de neige, il restait encore 1.000 km de routes à déneiger sur les 5.500 km que compte le département et certains villages étaient encore inaccessibles.
« Au total, ce sont près de deux millions de litres de lait qui ont terminé dans les fosses à lisier, soit 1,8 % de la collecte annuelle du département », regrette Philippe Dufresne.
Les sucreries d'Origny-Sainte-Benoite, près de Saint-Quentin, et de Bucy-le-Long, près de Soissons, ont été obligées de ralentir leur cadence. L'usine de Bucy, par exemple, est passée de 650 tonnes/heure, traitées habituellement à 225 t/h, plusieurs jours de suite.
Or, le 27 décembre, il lui restait encore à enlever dans les exploitations agricoles, quelques 235.000 tonnes de betteraves. Là encore les agriculteurs se sont mobilisés pour déneiger routes et chemins afin de faciliter l'accès des poids lourds à leurs silos.
Très peu de conventions signées avec le département Contrairement à d'autres départements voisins, très peu de conventions étaient jusqu'à présent signées dans l'Aisne, entre la préfecture, le département et les agriculteurs pour leur participation aux opérations de déneigement. « La semaine dernière, dans l'urgence, les services du département nous ont proposé un protocole pour que nous soyons couverts en termes d'assurance, précise Philippe Ricour, agriculteur à Joncourt, au nord de Saint-Quentin. De même, ils ont prévu une rémunération pour nos interventions sur les routes départementales, dont je ne connais pas le montant. Mais seule une poignée d'agriculteurs a eu accès à ce protocole, la très grande majorité d'entre eux est intervenue bénévolement et sans être assurés. » |