Philippe Mangin, président de Coop de France. © TD/GFA
Producteurs et industriels étaient sortis « plutôt rassurés » de la réunion du 17 juillet dernier, au cours de laquelle Bercy avait rappelé à l'ordre la grande distribution au sujet de la guerre des prix. Deux mois plus tard, le ton change : contrairement aux garanties de l'ancien ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, « pas un décret de la loi sur la consommation n'est encore sorti ! Ce n'est pas sérieux », a regretté Philippe Mangin, président de Coop de France, lors de sa conférence de rentrée, le 3 septembre 2014 à Paris.
Ces décrets tant attendus prévoient, entre autres mesures, un durcissement des sanctions à l'encontre des enseignes abusant de leur situation de force auprès de leurs fournisseurs. Faute de publication, « les relations entre les acteurs de la filière ne s'améliorent pas », constate Philippe Mangin, dénonçant au passage « la spirale négative autour de la course effrénée pour les prix bas ». Dans ce contexte, il appelle à un « Grenelle de l'alimentation », « pour que tous les maillons de la filière aient un lieu pour se réunir afin d'anticiper les situations de crise ».
Embargo russe
Les rapports avec l'aval se crispent d'autant plus que la situation économique du secteur agroalimentaire se détériore. « Pour la première fois dans notre secteur, la production en volume a baissé de 2 %, a indiqué le président de Coop de France, notant par ailleurs « 316 cas de défaillances d'entreprises et 4.850 emplois perdus en 2013 ». Plus de 1.000 seraient encore menacés en 2014.
« Tous les maillons de la chaîne alimentaire souffrent », assure Philippe Mangin. La plupart des filières agricoles aussi. Et la situation internationale n'arrange rien. L'embargo russe vient accentuer les difficultés des producteurs. « Pour la France, la Russie ne représente que 8 % du total de nos exportations, soit un peu plus de 600 millions d'euros. Mais pour l'Europe, c'est le deuxième marché et il pèse près de 9 milliards d'euros, a-t-il rappelé. Nous devons craindre un effet domino, avec une arrivée en France des produits que nos voisins ne peuvent plus exporter. »
Coop de France devait participer à la réunion au ministère de l'Agriculture sur le sujet, le 3 septembre en fin d'après-midi, pour demander « une utilisation efficace des outils de régulation » et « convaincre Bruxelles qu'on ne réglera pas cette affaire avec la seule enveloppe agricole ». Affaire à suivre.