Au moins cinq offres de reprise partielle de plusieurs sites du pôle frais du groupe volailler Doux (1.700 salariés) ont été officiellement déposées vendredi matin, date limite fixée par la justice aux éventuels candidats, a indiqué l'administrateur judiciaire.
En leur état actuel, les offres préserveraient entre 450 et 500 emplois, sans compter les 134 personnes reprises à Pleucadeuc dans le plan de continuation du groupe Doux, sur un total de 1.704 pour le pôle frais, selon cette source.
Les groupes Duc, Glon Sanders (filiale de Sofiprotéol) associé à Duc, Axéréal, LDC et Tallec ont déposé des offres séparées de reprise partielle portant sur cinq sites : Clémont (Cher), Sérent (Morbihan), Laval (Mayenne), Boynes (Loiret) et Amilly (Loiret), a précisé l'un des administrateurs, Sophie Gautier. Une sixième offre pourrait être déposée dans le courant de la journée, selon Mme Gautier.
Les offres correspondant à chacun des sites et leur contenu n'avaient pas encore été détaillés en milieu d'après-midi.
Le groupe LDC a, de son côté, précisé avoir déposé une offre de reprise totale de l'abattoir de Laval (Mayenne, 303 emplois). LDC propose par ailleurs la reprise partielle du site de Sérent, portant sur 55 des 175 salariés, avec des propositions de postes sur deux sites de LDC dans le Morbihan.
Glon Sanders, filiale de Sofiprotéol (l'établissement financier de la filières des huiles et protéines végétales), a pour sa part confirmé avoir déposé conjointement avec Duc une offre sur trois sites situés en région Centre : Clémont (aliment pour volaille), Amilly (couvoir) et Boynes (abattoir de poulets).
Aucune offre n'avait été déposée avant la date limite de vendredi 9H30 pour deux sites importants de ce pôle frais, ceux de Graincourt (Pas-de-Calais, 253 emplois) et Blancafort, pour lequel la région Centre a affirmé que « l'attente fait désormais place à l'incompréhension et à la colère ».
Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait placé Doux frais en liquidation judiciaire le 1er août, devrait se prononcer sur les offres au cours de la première semaine de septembre, lors d'une audience dont la date n'a pas encore été fixée, selon Mme Gautier.
Les couvoirs Doux de Clémont (15 salariés) et Amilly (18 salariés) ne sont pas des sites du pôle frais, mais les candidats à la reprise du frais ont la possibilité de faire des offres sur d'autres sites du groupe, qui compte au total plus de 4.000 salariés, selon une source proche du dossier.
Pour les sites sans repreneur, le tribunal a fixé au 10 septembre la fin de la période d'activité.
Vendredi, le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, a indiqué que les offres de reprise « préservent l'avenir ». « Le combat que nous avons mené depuis des semaines a permis de sauver 683 emplois, à la fois des emplois repris et des emplois reclassés », a commenté le ministre, assurant que « l'Etat ne laissera pas tomber les salariés » qui n'ont pas de solution.
A l'abattoir de Sérent, où Tallec a, selon les syndicats, proposé de reprendre 147 salariés, Duc 101 et LDC 55 (sur un total de 175), les salariés ont montré soulagement et scepticisme en découvrant les trois offres de reprise déposées pour leur site. « C'est presque légitime que les repreneurs se positionnent au départ sur une position basse et après, c'est un peu comme au poker, on abat les cartes puis on voit le jeu des adversaires. Après, j'espère qu'il y aura des offres à la hausse », a indiqué le directeur, Bastien Marty.
De son côté, Jean-Luc Guillard, délégué central CFDT, syndicat majoritaire, a déclaré que « maintenant il va falloir se mettre autour d'une table pour parler de ceux qui vont être sacrifiés, et mettre de l'argent pour les plans de sauvegarde de l'emploi, car les collègues vont partir avec un minimum ».
Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d'observation jusqu'au 30 novembre, préférant ainsi le plan de continuation du PDG Charles Doux à l'offre concurrente de Sofiprotéol.
Les candidats déclarés à la reprise de sites du pôle frais
Cinq groupes, Duc, LDC, Glon Sanders, Axéréal et Tallec ont officiellement acté, vendredi, leur candidature à la reprise partielle du pôle frais du volailler Doux.
La société Duc, fondée en 1972, est présente sur toute la chaîne de production de poulets, de la nutrition à la commercialisation, et emploie 845 salariés. Situé à Chailley (Yonne), Duc a réalisé un chiffre d'affaires de 180 millions d'euros en 2011. Plus de 300 éleveurs sont sous contrat avec le groupe, qui compte sept sites en France, dont une usine de production de dinde à Riec-sur-Belon (Finistère).
L'acronyme LDC vient de la fusion, en 1968, des sociétés Lambert et Dodard Chancereul. Le groupe, présent notamment dans la volaille (produits élaborés, labels, découpes), a réalisé un chiffre d'affaires de 2,8 milliards d'euros en 2011-2012. LDC, connu pour les marques Le Gaulois, Loué, Maître Coq ou Marie (traiteur), emploie 15.800 collaborateurs en France et dans le monde sur 60 sites de production. Le groupe est notamment présent en Bretagne et en Pays de Loire, en Espagne et en Pologne.
Spécialisé dans la nutrition animale et l'alimentation humaine, le groupe Glon Sanders est issu du rapprochement des sociétés d'André Glon et Louis Sanders, la première ayant pris le contrôle de la seconde en 1998. En 2007, le groupe est passé dans le giron de Sofiprotéol, qui en a pris le contrôle à 60 %. Très implanté en Bretagne, Glon emploie 3.680 personnes et réalise plus de la moitié de son chiffre d'affaires (1,6 milliard d'euros au total) via la nutrition et santé animales (marque Sanders notamment).
Axéréal est issu du rapprochement de deux coopératives françaises céréalières, Agralys et Epis-Centre, et rassemble 13.000 adhérents. Le groupe réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires (3,4 milliards d'euros) en France dans les métiers du grain. Il est également présent dans le négoce international, la malterie, la meunerie, les productions et la nutrition animales. Axéréal regroupe plus de 100 sociétés en France (Beauce, Champagne berrichonne...), en Europe, en Algérie et au Royaume-Uni, et compte 3.387 salariés.
Le groupe Tallec, fondé en 1947 à Bannalec (Finistère), comptait 175 salariés en 2009. Il est présent sur les produits frais (terrines, jambons, saucissons...), le surgelé (plats cuisinés...) et la charcuterie halal. En 2006, la société a été reprise par deux anciens du groupe Doux, dont l'ancien directeur général Briec Bounoure. Sa production est vendue à 58 % en grandes et moyennes surfaces, 12 % à destination de l'export.