L'alerte à la dioxine s'est encore étendue, vendredi, en Allemagne, où les livraisons de produits ont été suspendues par précaution pour 4.709 exploitations agricoles, dans huit Etats régionaux, et Berlin soupçonne une origine « criminelle » à l'affaire.
Une grande majorité des élevages concernés sont en Basse-Saxe (nord). La mesure frappe surtout des élevages de porcs, mais aussi des producteurs avicoles et de lait, et durera jusqu'à ce que soit prouvée l'absence de contamination dans leurs produits.
Au vu des indices disponibles, le ministère de l'Agriculture soupçonne « une haute dose d'agissements criminels », a déclaré un porte-parole.
Une enquête judiciaire est en cours visant Harles und Jentzsch, société basée à Uetersen (nord), qui a livré en novembre et décembre des matières grasses contaminées destinées à la fabrication d'aliments pour animaux.
« Nous n'avons pas utilisé de graisses non autorisées », s'est défendu son patron, Siegfried Sievert, dans une interview à la télévision allemande Spiegel TV qui doit être diffusée dimanche.
Il a affirmé ne pas savoir d'où venait la contamination à la dioxine, ajoutant que la firme était en train de faire des examens et « travaillait en étroite collaboration avec les autorités ».
La cause de la contamination est toujours inconnue. Mais les autorités ne croient pas à une simple erreur de manipulation. « Dans de telles quantités, cela ne peut pas être une erreur », a déclaré un responsable des autorités de la Basse-Saxe, Konrad Scholz.
Jusqu'à 150.000 tonnes d'aliments pour animaux ont pu être contaminées à la dioxine, d'après Berlin.
Selon Berlin, dans le cas présent, il n'y a aucun risque pour la santé des consommateurs.
Des analyses de laboratoire ont confirmé une contamination à la dioxine, avec par endroits des taux 78 fois supérieurs à la norme, des graisses alimentaires fabriquées par Harles und Jentzsch, qui produit également des graisses destinées à l'industrie.
100.000 œufs ont déjà été détruits en début de semaine en Basse-Saxe. Depuis, la traque aux œufs contaminés s'est étendue aux Pays-Bas, où 136.000 œufs suspects avaient été importés d'Allemagne, et à la Grande-Bretagne, où des gâteaux et quiches à base de ces œufs ont été pour la plupart déjà vendus en grandes surfaces.
L'Agence de sécurité des aliments du Royaume-Uni (FSA) a écarté un risque pour la santé des consommateurs britanniques, comme l'ont fait les autorités sanitaires allemandes et néerlandaise.
En France, « à ce stade, aucune indication démontrant la présence de produits contaminés sur le territoire n'a été relevée », a affirmé le ministère de l'Agriculture, dans un communiqué.
« Soucieuse de garantir une sécurité sanitaire totale aux consommateurs français, la Direction générale de l'alimentation, par l'intermédiaire de ses services vétérinaires, a renforcé ses enquêtes de traçabilité, et continue à travailler en étroite collaboration avec ses homologues dans le cadre du réseau de vigilance européen. »
Le ministère appelle également « les opérateurs à renforcer leur vigilance sur les autocontrôles menés dans chaque entreprise ».
Les autorités allemandes ont par ailleurs confirmé que Harles und Jentzsch était au courant depuis mars d'une contamination de ses produits.
Une analyse avait révélé un taux de dioxine plus de deux fois supérieur à la norme, mais ces résultats n'ont pas été communiqués aux autorités compétentes avant décembre.