Bruxelles a annoncé lundi des mesures européennes dans la foulée de celles décidées par l'Allemagne pour renforcer la sécurité de l'alimentation des animaux afin de regagner la confiance des consommateurs après une contamination à la dioxine en Allemagne.
Tout en affirmant que le scandale allemand avait « bien démontré la fiabilité d'ensemble du système de sécurité alimentaire » en Europe, notamment en ce qui concerne la traçabilité, le commissaire européen en charge de la Santé, John Dalli, a admis lundi à l'issue d'une réunion avec les ministres européens de l'Agriculture qu'il y avait « de la place pour des améliorations ».
C'est le mélange de graisses à usage industriel contenant de la dioxine avec des graisses destinées à l'alimentation animale qui est à l'origine de la contamination d'œufs, mais aussi de viande de porc en Allemagne.
C'est pourquoi Bruxelles envisage d'introduire à l'échelle européenne une séparation stricte des lignes de production de graisses alimentaires et « techniques », a annoncé M. Dalli.
Les contrôles devraient également être renforcés pour les matériaux à risque, et les laboratoires privés devraient être obligés de signaler aux autorités des tests positifs à la dioxine, a précisé le commissaire.
Bruxelles veut aussi proposer la délivrance « d'autorisations obligatoires » pour les usines produisant acides gras et graisses afin de mieux contrôler ces activités.
Ces idées reprennent en grande partie celles annoncées par l'Allemagne à l'échelle nationale la semaine dernière.
Bruxelles n'a cependant pas encore tranché sur l'obligation de produire des graisses alimentaires sur des sites destinés à cette fin, comme entend le faire Berlin, ou s'il suffisait d'imposer des normes techniques spécifiques (diamètres de tuyaux par exemple) pour éviter tout mélange accidentel avec des graisses destinées à un usage industriel.
M. Dalli s'est en revanche montré plus réservé sur deux autres idées proposées par Berlin : l'établissement d'une « liste positive » des matériaux pouvant être utilisés pour la production de graisses alimentaires et l'obligation de contracter des assurances en responsabilité pour couvrir les risques.
Berlin et la Commission, en attendant, s'attachent à rassurer le public et les partenaires commerciaux de l'Allemagne, alors que 589 exploitations allemandes sont encore bloquées du fait de la crise.
La Corée du Sud, le Bélarus et la Chine ont imposé des restrictions aux importations en provenance de l'Allemagne. Et des négociations sont en cours avec Moscou pour mettre en place en Allemagne des contrôles des exportations de viande à destination de la Russie, afin d'éviter qu'elles soient bloquées à leur entrée sur le territoire russe, selon un fonctionnaire européen.
Bruxelles a par ailleurs jugé « disproportionnés » des tests systématiques décidés la semaine dernière par la Hongrie sur les importations en provenance de l'Allemagne, qui ont pour conséquence de bloquer des cargaisons entières de viande en attendant les résultats.
Après un entretien avec le commissaire Dalli, le ministre hongrois de l'Agriculture, Sandor Fazekas, a annoncé qu'il allait réviser ces mesures d'ici à mercredi.