Dans moins de deux mois à présent s'ouvrira à Paris le sommet qui doit sauver, ou presque, le climat de notre planète. Les Etats, priés de soumettre leurs contributions volontaires à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ont accéléré le mouvement : le nombre de pays ayant publié leurs propositions a pratiquement doublé en une semaine, passant à 140 au 1er octobre, a indiqué jeudi lors d'un séminaire Damien Navizet, membre de l'équipe COP21 au ministère de l'Ecologie.
Ces contributions, par nature volontaires, ne peuvent être ni contraintes ni négociées. A chacun de faire selon ses moyens... et ses ambitions. A ce jour, l'objectif de contenir le réchauffement en-dessous des deux degrés n'est donc pas sûr d'être atteint...
Les points durs de négociation à Paris porteront surtout sur la nature juridique de l'accord, que la France et l'Europe souhaitent contraignant. Peu probable, cependant, que les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre annoncés par les pays soient eux-mêmes contraignants, la contrainte pourrait ne concerner que l'engagement des Etats à assurer un suivi de leurs engagements... Le financement de l'adaptation et l'atténuation dans les pays en développement constituera un autre point crucial, qui conditionnera l'adhésion de ceux-ci à un accord universel. Enfin, des dicussions pourront porter sur les instruments économiques qui permettront d'atteindre les objectifs politiques. La fixation d'un prix au carbone est l'une des réponses possibles, a souligné Alain Grandjean, économiste fondateur du cabinet de conseil et étude Carbone 4. Plusieurs acteurs considèrent que la baisse du prix du pétrole offre une opportunité pour se lancer sans alourdir de trop la facture énergétique.
Si accord il y a, il n'entrera en vigueur qu'en 2020. Mais d'ici là, les différent acteurs devront montrer qu'ils se sont saisis de la problématique dès aujourd'hui et ont déjà engagé des pistes de solutions concrètes. C'est l'objet de l'agenda des solutions, qui devrait contenir des mesures agricoles comme le programme « 4 pour 1.000 » présenté par Stéphane Le Foll, qui vie à capter du CO2 atmosphérique afin de le stocker dans les sols pour restaurer leur fertilité.
La France, pays hôte, attend 40.000 personnes au Bourget en décembre. En tant que présidente de la conférence, elle n'aura pas plus de poids dans les négociations, mais se devra d'être à l'écoute de tous les pays et de rester neutre. Laurent Fabius sera le président officiel de la conférence, à la tête d'un comité de pilotage comprenant quatre autres ministres : Ségolène Royal, Michel Sapin, Annie Girardin et Stéphane Le Foll.
Depuis une vingtaine d'années que la question du climat fait l'objet de discussions internationales, il est temps qu'on aboutisse à un accord concret, a souhaité Damien Navizet. Les conditions devraient être réunies, selon lui, car la prise de conscience a gagné de nouveaux acteurs poltiques (Chine, Etats-Unis) et économiques, et la société civile est désormais impliquée à part entière dans la transition de l'économie mondiale.