Des chercheurs de l'université de Stanford affirment, dans une étude publiée jeudi, qu'il n'y a pas eu de ralentissement entre 1998 et 2013 dans le réchauffement de la planète, contrairement à de précédents travaux ayant alimenté de nombreux débats.
« Nos résultats montrent qu'au niveau des statistiques portant sur les données de long terme sur la température mondiale, il n'y a jamais eu de hiatus, de pause ou de ralentissement dans le réchauffement », indique dans un communiqué Noah Diffenbaugh, chercheur à l'Université de Stanford (Californie) et l'un des auteurs de l'étude publiée dans la revue Climatic change.
« L'apparente pause dans le rythme récent du réchauffement, qui a largement été accepté comme un fait, est en réalité un signal artificiel créé par des biais dans les méthodes statistiques », écrivent les chercheurs.
Ces dernières années, des travaux avaient mis en évidence depuis 1998 non pas une pause dans le réchauffement de la planète mais un ralentissement de celui-ci, en dépit de la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère qui ne cesse de croître. Il était ainsi admis que la hausse de la température mondiale était de 0,05°C par décennie depuis 1998, contre + 0,12°C en moyenne par décennie depuis 1951. Cet apparent décalage entre hausse des températures et concentration de GES avait donné du grain à moudre aux climato-sceptiques qui contestent la part des activités humaines dans le réchauffement accéléré de la Terre.
Les climatologues s'interrogeaient, eux, sur les possibles causes d'un tel ralentissement : une baisse de l'activité solaire, l'augmentation des aérosols d'origine volcanique, une absorption accrue de la chaleur par les océans faisaient parmi des explications avancées.
« Semeurs de confusion climatique »
Les conclusions des chercheurs de Stanford vont dans le même sens qu'une étude publiée en juin dans Science par une équipe des services météorologiques américains (NOAA, National oceanic and atmospheric administration) qui, à la faveur d'une nouvelle analyse statistique, pointaient déjà l'absence de ralentissement dans la hausse du thermomètre planétaire.
Pour cette nouvelle étude, les scientifiques ont modifié la méthode statistique couramment utilisée en biologie ou en médecine, « mais pas idéale pour étudier les processus géophysiques ».
Interrogé par l'AFP sur cette nouvelle étude, le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec), a également rappelé que le Giec avait « dans son rapport de 2013 clairement montré qu'il était biaisé de choisir l'année 1998 comme point de départ de la période d'analyse des températures, alors que cette année avait été particulièrement chaude suite à un événement El Niño ». « La variabilité naturelle du climat masque parfois temporairement une partie du réchauffement », a ajouté le chercheur de l'université de Louvain (Belgique), en insistant sur le fait que « le climat est bien défini sur une période de 30 ans, et pas de 15 ». Selon lui, « cette étude cloue le dernier clou du cercueil de la notion de « pause » véhiculée par les semeurs de confusion climatique ».