Le changement climatique aura des répercussions sur les rendements et la qualité des productions agricoles aquitaines, enseigne un rapport scientifique coordonné par Hervé Le Treut, membre du Giec (1).
A la demande du conseil régional de l'Aquitaine, Hervé Le Treut, directeur de l'institut Pierre-Simon Laplace, membre de l'Académie des sciences et expert auprès du Giec, a coordonné un rapport scientifique sur l'impact du changement climatique et l'adaptation du milieu et des hommes à l'horizon de 2030-2050. Pour cela, Hervé Le Treut s'est appuyé sur la collaboration de 163 experts et a piloté une cellule transdisciplinaire de quinze chercheurs aquitains pendant deux ans. Le résultat, dévoilé au début de septembre 2013, tient dans un ouvrage de 363 pages : « Prévoir pour agir. La région Aquitaine anticipe le changement climatique » (2).
Les auteurs ont réfléchi au devenir de l'Aquitaine, à sa vulnérabilité face au changement climatique, en envisageant des scénarios sur les conséquences du réchauffement climatique sur l'économie régionale (agriculture, viticulture, forêt, tourisme...), le paysage (littoral, montagne, estuaires, forêt...) et sa population. Ils ont déterminé ensuite leurs impacts et défini les enjeux, questionnements et recommandations à prendre pour que tous les acteurs puissent s'adapter à ces changements.
Près de 50 pages du rapport sont consacrées à l'agriculture et à la forêt. « L'agriculture en Aquitaine sera soumise à un ensemble de contraintes de natures diverses (températures plus élevées, modification du contexte hydrique, modification des risques sanitaires avec l'apparition d'espèces invasives...). » Afin de préserver le potentiel agricole, il importera notamment de « rechercher des solutions agronomiques qui conduisent à une réduction des besoins en eau d'irrigation. Une réflexion sérieuse sur les types d'agriculture adaptés et le lien production-commercialisation devra être conduite pour maintenir le tissu économique ».
Dans le cas du maïs irrigué à 80 % des besoins, le projet Climator augure d'une diminution de rendement de 9 q/ha dans le futur proche (2020-2050) et de 15 q/ha dans le futur lointain ((2070-2100). « Le rendement pourrait diminuer malgré l'irrigation car l'avancement des stades phénologiques (floraison, récolte) est susceptible de générer une diminution du nombre de jours de remplissage des grains et donc une diminution de rendement. »
Dans le cas du blé tendre, il est prévu une stabilité du rendement dans le futur proche, voire une augmentation du rendement dans le futur lointain (+9 q/ha) en raison de l'accroissement de la teneur en CO2 dans l'atmosphère qui favorisera la production de biomasse.
Les résultats obtenus pour le tournesol laissent envisager, là encore, une stabilité du rendement dans le futur proche et une amélioration de celui-ci dans le futur lointain (+4 q/ha). Cependant, précise le rapport, « cette augmentation ne serait pas significative, et serait soumise à une forte variabilité interannuelle. Ce résultat est expliqué par une compensation entre les effets bénéfiques de l'augmentation de la teneur en CO2 atmosphérique et les effets négatifs du stress hydrique, particulièrement prégnant sur sol à faible réserve en eau ».
Pour le fraisier, l'impact d'une élévation de température se traduirait par des besoins en froid non satisfaits. En conséquence, il faudrait s'attendre à une réduction du rendement et de la taille des fruits, « comme au printemps de 2003 en Aquitaine à la suite d'un hiver doux », rappelle le rapport. Cela étant, les auteurs estiment, plus généralement, que certains fruits et légumes pourraient bénéficier de l'avancée des dates de récolte et améliorer ainsi leur compétitivité vis-à-vis d'autres régions françaises ou européennes.
En viticulture, « l'avancement de la phénologie conduira en toute vraisemblance à un déroulement de la maturation dans des conditions de plus en plus chaudes. Les conséquences sur la qualité du vin, plutôt positives jusqu'à aujourd'hui, risquent de devenir négatives pour une proportion croissante des vins produits en Aquitaine. [...] Ces nouvelles conditions de maturation provoqueront des déséquilibres gustatifs (vins trop alcoolisés et insuffisamment acides), un décalage entre la maturité technologique et la maturité phénologique, ainsi qu'une modification de la composition en arômes des vins produits ». Mais, là encore, pas d'affolement, dans la mesure où la viticulture aquitaine « dispose d'un potentiel adaptatif important », souligne le rapport.
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(1) Giec : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
(2) Edité par les Presses Universitaires de Bordeaux (PUB).
Commission sympa
lundi 16 septembre 2013 - 17h20
J'imagine que ça a phosphoré dur, avec des commissions en pagaille. Bon, maintenant que le changement climatique n'est pas tout à fait ce qu'il avait été décrit initialement (on commence à parler de...refroidissement), il faudra à nouveau convoquer des commissions avec les mêmes "experts" (M.Le Treut est un incontournable), qui publieront un rapport de plus, tout ça, bien sûr aux frais des moutontribuables. ça, par contre, ça ne changera pas!