Le groupe français AgroGénération, spécialiste de la production de céréales en Ukraine, a de nouveau subi une perte nette en 2014, en raison de fortes pertes de change dues à la dévaluation de la monnaie ukrainienne, mais a amélioré sa rentabilité opérationnelle.
Le groupe a enregistré une perte nette de 21,6 millions d'euros en 2014, deux fois moindre qu'en 2013, où la perte avait dépassé les 43 millions à données pro forma, indique un communiqué publié jeudi 30 avril. Cette perte s'explique principalement par « l'impact très brutal » de la dévaluation de la hryvnia sur le résultat financier, explique le groupe, qui loue 120.000 hectares de terres en Ukraine. La valeur en dollar de la monnaie ukrainienne a été divisée par trois en un peu plus d'un an. En conséquence, le groupe a vu fondre ses capitaux propres, à 6,5 millions d'euros contre 51 millions l'année précédente. D'où le lancement d'une émission obligataire en mars, qui a permis de lever près de 60 millions d'euros. « Grâce à cela, nous avons reconstitué nos fonds propres et réduit l'endettement. La situation financière est complètement assainie », a déclaré à l'AFP Pierre Danon, vice-président du conseil d'administration.
« Augmentation de la performance agronomique »
Certains indicateurs se sont nettement améliorés, comme le résultat opérationnel, qui passe à 13 millions d'euros après une perte de 34 millions en 2013. L'Ebitda frôle les 21 millions d'euros alors qu'il était en négatif de près de 25 millions l'an passé. Cette amélioration s'explique par l'« augmentation de la performance agronomique, avec d'excellents rendements dus à une bonne gestion des choix de cultures, d'engrais et de semences, tout en diminuant les coûts », assure M. Danon. En revanche, le chiffre d'affaires recule d'environ 10 %, à 64,6 millions d'euros pour 360.000 tonnes vendues de céréales et d'oléagineux, à cause de la baisse des prix des matières premières agricoles.
AgroGénération estime pouvoir maintenir « une performance opérationnelle de niveau comparable pour les deux années à venir, sauf forte dégradation du contexte géopolitique et macro-économique ». Jusqu'ici, les terres du groupe n'ont pas souffert du conflit avec la Russie car celles qui sont le plus proche des affrontements restent tout de même « à une centaine de kilomètres au nord du conflit », souligne M. Danon. M. Danon estime qu'AgroGénération commence à être sortie d'affaire et n'exclut pas des acquisitions à l'avenir car « il y a beaucoup de choses à faire en Ukraine (...) et tellement d'actionnaires qui cherchent désespérément des gestionnaires honnêtes ».
Fondée par l'homme d'affaires Charles Beigbeder, AgroGénération avait entamé à la fin décembre une restructuration de sa dette, qui représentait près de quatre fois les fonds propres de l'entreprise. Faute d'avoir le soutien de tous ses créanciers, elle avait par la suite engagé une procédure de sauvegarde financière accélérée, validée au début mars par un tribunal de commerce.