Les Etats membres de l'Union européenne se sont mis d'accord, vendredi, à Sopot (nord de la Pologne), pour accepter comme une base de discussions le projet de budget 2014-2020 proposé par Bruxelles, qui suscite néanmoins des réticences en période d'austérité.
« La grande majorité des Etats membres, 24 sur 27, ont accepté nos propositions comme une bonne base de départ pour des négociations », a souligné le commissaire européen au Budget, Janusz Lewandowski, à l'issue de discussions informelles entamées à la demande de la Pologne qui assure la présidence semestrielle de l'UE.
« Ils considèrent le projet de budget comme quelque chose à amender mais pas à bouleverser », a-t-il dit devant la presse. « Nous avons surmonté le principal obstacle », a-t-il ajouté.
Janusz Lewandowski n'a pas précisé quels étaient les pays qui s'y étaient opposés. Selon des sources proches des pourparlers, il s'agirait de la Grande-Bretagne, de la Suède et de la Hongrie.
Ces discussions informelles visent à préparer un sommet européen sur le budget, prévu à la fin d'octobre 2011 à Bruxelles.
En 2004, alors que la situation économique était bien meilleure, les gouvernements avaient d'emblée repoussé un projet de budget de Bruxelles, a rappelé Janusz Lewandowski.
A la fin de juin, la Commission européenne a proposé un budget 2014-2020 en hausse de 5 % portant les dépenses à 1.083 milliards d'euros, ce qui avait suscité l'ire des gouvernements européens soucieux de poursuivre une politique de rigueur.
David Lidington, ministre britannique des Affaires européennes, a estimé que cette augmentation de 5 % était injustifiable dans la période actuelle de difficultés économiques.
« Je pense en fait qu'un gel en termes réels est bien plus modeste que ce que beaucoup de pays européens mettent en œuvre chez eux », a-t-il dit.
La France et l'Allemagne insistent également pour plus de frugalité à Bruxelles.
« Dans le contexte actuel, il faut qu'il y ait une cohérence entre la politique que l'on mène à l'intérieur et la politique que l'on mène à l'extérieur », a commenté Jean Leonetti, ministre français des Affaires européennes.
Son homologue allemand, Werner Hoyer, s'est prononcé pour « un gel, pas une augmentation ».
Le projet de Bruxelles vise à redistribuer les priorités du budget, notamment en réduisant les subventions agricoles au profit des investissements écologiques et dans les infrastructures en Europe.
La Pologne et les autres pays de l'ex-rideau de fer ayant rejoint l'UE en 2004 veulent s'assurer que les fonds alloués pour aider les pays plus pauvres à rattraper leur retard sur les plus riches ne seront pas supprimés.
En outre, ils estiment qu'ils n'ont pas obtenu une part équitable des fonds européens pour leur agriculture.
Le projet prévoit une taxe sur les ventes dans l'UE ainsi qu'une taxe financière sur les transactions afin d'aider Bruxelles à lever des fonds directement.
Paris soutient cette proposition mais Londres n'en veut pas.
Bruxelles fait valoir que la taxe sur les ventes d'un ou deux points de pourcentage de la TVA des pays, et la taxe sur les transactions, qui rapporterait environ 30 milliards d'euros par an, pourraient représenter 40 % des revenus de l'UE.
Une réforme des ristournes annuelles accordées à certains pays sur leurs contributions, comme celle qu'a obtenue dans les années 1980 la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, est également envisagée.