Les députés de la commission de l'agriculture du Parlement européen (PE) ont estimé que le financement de l'agriculture « doit être maintenu aux niveaux de 2013 en termes réels », lors d'un débat, lundi, avec le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, sur le cadre financier pluriannuel (CFP) de l'UE pour 2014-2020.
Après avoir pris connaissance, le 29 juin dernier, de la proposition de la Commission concernant le prochain CFP de l'UE, les membres de la commission de l'agriculture ont demandé à Dacian Ciolos de fournir plus de précisions sur la réduction envisagée pour le budget de l'agriculture, rapporte vendredi un communiqué du Parlement européen.
« Il s'agit d'une diminution en termes réels », a déclaré l'italien Paolo de Castro (S&D), président de la commission de l'agriculture, s'interrogeant sur les conséquences de cette « proposition sur les projets ambitieux » de la Pac après 2013, détaille le communiqué.
Les députés ont adopté, le 23 juin, une résolution demandant de maintenir le budget à long terme de l'agriculture au moins aux niveaux de 2013. « Le Parlement s'est exprimé très clairement sur la question, s'opposant à toute diminution des ressources financières dans le cadre de la Pac » qui « doit protéger les intérêts de dix millions d'agriculteurs mais également de tous les citoyens de l'Union européenne », a indiqué P. de Castro.
« La balle est dans le camp du Conseil et du Parlement », a affirmé le commissaire Ciolos, précisant que le nouveau CFP était fondé sur un gel du financement de la Pac aux niveaux de 2013.
« La Commission a prévu de nouvelles ressources financières pour l'agriculture, tirées de différentes rubriques, notamment un montant de 2,8 milliards d'euros issus du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation. De plus, nous avons prévu un éventail de programmes de recherche et d'innovation entièrement financés par l'UE, représentant 5,1 milliards d'euros, clairement destiné au secteur de l'agriculture. »
« 435,5 milliards d'euros pour le secteur agricole » (Ciolos)
« Cela nous fait un montant total de 435,5 milliards d'euros pour le secteur agricole », a-t-il martelé.
« L'Europe s'élargit et les défis imposés aux agriculteurs sont aujourd'hui nombreux », a observé l'Allemand Albert Dess (PPE), auteur du « rapport Dess sur la Pac à l'horizon de 2020 », prônant une politique agricole « forte et solide ». « Nous ne pouvons tout simplement pas accepter que la Pac soit la seule visée par les compressions budgétaires », a-t-il martelé. « Le Parlement a fait clairement savoir qu'il souhaite maintenir le budget de la Pac aux niveaux actuels, tout particulièrement en raison des futurs défis », a-t-il précisé.
Pour le Portugais Luis Manuel Capoulas Santos (S&D), « la diminution en termes réels se situe entre 7 et 15 %, outre la réaffectation de certains montants du budget de l'agriculture ».
L'Anglais George Lyon (ADLE) a reconnu que « les 15 milliards d'euros supplémentaires » proposés par la Commission dans le budget de la Pac pour 2014-2020, « notamment affectés aux programmes de recherche en agriculture, étaient une bonne chose, mais qu'ils ne pesaient pas lourdement par rapport aux coupes effectuées dans les paiements directs qui atteignent quelque 40 milliards », note le communiqué.
Un autre eurodéputé anglais, James Nicholson (ECR), se demande si « ce budget (va) permettre de répondre aux besoins » en termes d'approvisionnement en denrées alimentaires. Il souligne que la nouvelle possibilité qu'auront les agriculteurs de faire appel au Fonds de mondialisation était supposée être une compensation destinée aux éleveurs de bovins pour l'accord passé avec le Mercosur. « Nous n'accepterons pas de compromis dans ce domaine » a-t-il déclaré, précisant que cela ne suffisait pas.
Les nouveaux Etats membres pour plus d'équité, les écologistes pour un verdissement du premier pilier
Martin Häusling (Verts/ALE, Allemagne) s'est dit satisfait par la proposition budgétaire. Il s'est également félicité de la proposition de lier l'allocation de 30 % des ressources du premier pilier (paiements directs) à la mise en œuvre, par les agriculteurs, de nouvelles mesures écologiques. Proposition critiquée par plusieurs députés, notamment Albert Dess et James Nicholson, lesquels affirment qu'elle est prématurée.
« Nous avons beaucoup parlé de la nécessité d'une répartition équitable des paiements directs », remarque le Letton Alfreds Rubiks (GUE/NGL). Pourtant, « en 2020, les agriculteurs lettons ne recevront que 52 % par rapport au niveau moyen des paiements de l'Union. Il ne faut pas oublier que la Pac joue un rôle des plus importants dans la cohésion de l'UE » et le non-respect des promesses pourrait devenir une menace, prédit-il.
La question du financement approprié de la Pac a également été soulevée, mardi, au cours d'une réunion séparée qui rassemblait plus de 50 députés nationaux de 22 États membres, des eurodéputés, le commissaire à l'Agriculture et la présidence polonaise du Conseil, pour débattre des défis futurs et des objectifs de la nouvelle politique agricole commune après 2013.
« La réforme que nous préparons actuellement est la première, en cinquante ans de Pac, qui implique, de manière si importante, les députés nationaux », a déclaré le président de la commission de l'agriculture, P. de Castro, faisant en partie référence au pouvoir de codécision du Parlement européen, mais également à l'accroissement des pouvoirs des parlements nationaux en vertu du traité de Lisbonne.
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lundi 18 juillet 2011 - 09h01
Tout ça c'est très joli, mais nous les agriculteurs, ce qui nous intéresse avant tout c'est de savoir exactement ce que nous allons toucher et à quelles conditions. Pour l'instant nos investissement , et la décision de poursuivre ou non nos activités, sont bloqués jusqu'en 2013/2014 (et à plus forte raison avec la sécheresse qui nous plombe cette année) faute de visibilité. On nous bassine tous les jours avec le mot "durable", mais certains semblent ne pas avoir compris que le premier pilier de la durabilité c'est la rentabilité: nous ne sommes pas là pour enfiler des perles. S'il le faut nous récupérerons nos capitaux et ferons autre chose.