Les biocarburants « peuvent jouer un rôle » pour réduire la part des hydrocarbures dans les transports mais les scientifiques s'accordent aujourd'hui à reconnaître que leur développement a aussi un impact sur le climat, souligne l'Ademe dans un avis présenté vendredi.
« Un consensus scientifique semble se dégager sur l'existence d'un lien entre le développement accru des biocarburants et le changement d'affectation des sols, avec des conséquences en termes d'émissions de gaz à effet de serre », constate l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
Il existe des « incertitudes » sur l'ampleur de ce phénomène, qui est très « variable en fonction des filières et des lieux de production », selon l'Ademe, qui va poursuivre ses travaux pour mieux le quantifier.
Pour autant, ces carburants d'origine végétale (biodiesel ou éthanol) « peuvent jouer un rôle dans la diminution de la dépendance des transports routiers aux hydrocarbures », estime l'Agence, ces filières apportant « un gain avéré en termes d'efficacité énergétique ».
Les biocarburants représentaient, en 2010, 6,7 % de la consommation globale de carburant en France.
L'objectif européen est de parvenir à 10 % d'énergie renouvelable en 2020 dans le secteur des transports, rappelle Rémi Chabrillat, directeur adjoint productions et energies durables à l'Ademe, estimant que, « compte tenu du temps pour développer les véhicules électriques », « une partie importante » de cette part viendra encore des biocarburants à cet horizon.
Mais la priorité, rappelle-t-il, reste de « baisser les consommations » en réduisant nos besoins de mobilité, notamment par l'urbanisme.
Cet avis s'appuie notamment sur deux études récentes de l'Inra et le cabinet d'étude In Numeri.
L'Inra avait été chargée d'examiner toutes les publications scientifiques sur la question précise de l'impact éventuel du développement des biocarburants sur le changement d'affectation des sols, et donc des conséquences en termes d'émissions de gaz à effet de serre.
L'Inra a réalisé une synthèse sur les travaux de recherche concernant le changement d'affectation des sols publiés au niveau mondial entre 2008 et 2011. Cette synthèse accrédite l'hypothèse selon laquelle le développement de cultures énergétiques à des fins de production de biocarburants conduit, hors du territoire français, à des changements d'affectation des sols susceptibles d'alourdir le bilan net en émissions de GES des biocarburants.
La synthèse réalisée avec l'Inra constate que, dans deux tiers des évaluations, la prise en compte, dans le calcul des émissions de GES de la filière, des émissions générées par le changement d'affectation des sols, aboutit à un bilan total d'émissions de GES qui ne permet pas de respecter le critère de réduction des émissions de GES de 35 % par rapport aux carburants fossiles de référence, compte tenu des valeurs de référence actuellement retenues par l'Union européenne.
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