La raffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône) s'est reconvertie dans la production de biocarburants. Les producteurs français d'oléagineux craignent des importations bon marché massives pénalisant la production française.
Total a officialisé jeudi 16 avril l'arrêt, à la fin de 2016, du traitement de pétrole brut à La Mède, qui sera transformé en bio-raffinerie de taille mondiale (500.000 tonnes par an) qui produira du biodiesel grâce au raffinage d'huiles usagées en priorité et d'huiles végétales en complément. Selon le groupe, la récupération d'huiles usagées pourra représenter rapidement un tiers de l'approvisionnement du site, tandis que le reste sera acheté sur le marché, en France et à l'étranger.
Les producteurs d'oléagineux (Fop) craignent une majorité d'« huile de palme importée », avec des « conséquences désastreuses » pour les producteurs français de colza et la filière française du biodiesel, selon un communiqué. Ce projet du géant pétrolier « viendra réduire la part de biocarburants issus de colza et de tournesol produit sur le sol français », explique à l'AFP Arnaud Rousseau, vice-président de la Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (Fop).
Le biodiesel que va faire Total à partir d'huile de palme importée, à des coûts qui ne sont évidemment pas les mêmes que l'huile de colza, risque de « faire sortir les producteurs français du marché », explique Arnaud Rousseau. Selon lui, la récupération d'huiles usagées en France ne représente un potentiel que de 10.000 à 20.000 tonnes par an, loin des 650.000 tonnes nécessaires à la production totale visée pour La Mède.