Selon un rapport du ministère américain de l'Energie, les micro-algues pourraient à terme remplacer jusqu'à 17 % des importations pétrolières américaines. Ce ministère soutient plus de 30 projets visant à produire du biocarburant avec des micro-algues qui représentent au total 85 millions de dollars d'investissements, dont le plus récent a été annoncé en février par le président Barack Obama.
« Nous avons réalisé une étude montrant que le carburant - essence ou gazole - tiré des micro-algues pourrait être produit pour seulement 2,28 dollars le gallon » (3,78 litres), affirme Riggs Eckelberry, PDG de la firme américaine Originoil, soit près de deux fois moins que le prix actuel à la pompe.
Originoil est une des sociétés aux Etats-Unis avec Sapphire Energy, dans laquelle Bill Gates a investi, qui ont mis au point des technologies d'extraction rentables du carburant produit par ces micro-organismes marins.
Les compagnies pétrolières Exxon et Shell parient également sur le potentiel prometteur des micro-algues via leur partenariat avec Synthetic Genomics et Cellana respectivement.
« Aux Etats-Unis, les biocarburants tirés des algues seront d'abord produits pour les militaires et le transport aérien. Il faudra de ce fait probablement attendre le début de la prochaine décennie pour une distribution à grande échelle pour les automobilistes », explique le patron d'Originoil.
« La Marine américaine seule prévoit de remplacer, dans les huit prochaines années, 50 % de sa consommation de carburant avec des biocarburants qui ne sont pas en concurrence avec des cultures pour l'alimentation humaine. Il table sur les micro-algues », rappelle-t-il.
Mais avant de pouvoir « mélanger ce biocarburant issu des micro-algues avec des hydrocarbures, il faut les standardiser », précise Riggs Eckelberry. A cette fin, sa firme a conclu un accord de recherche en décembre 2011 avec le ministère de l'Energie.
Comparativement aux autres sources de biocarburant, ces micro-organismes sont beaucoup plus productifs, avec un rendement virtuel à l'hectare allant jusqu'à 25.000 litres contre 6.000 litres pour l'huile de palme, la plus productive actuellement en exploitation, selon des experts.
Contrairement au maïs, la production de biocarburant par micro-algues « n'a aucun impact sur la production alimentaire ou la disponibilité d'eau fraîche », souligne Riggs Eckelberry.
« Hautement productifs, ces micro-organismes unicellulaires se développent si vite qu'ils sont récoltés quotidiennement et se plaisent à se reproduire dans les eaux usées chargées en nitrate, ou salées de l'océan.»
Les micro-algues recourent aussi à la photosynthèse et consomment beaucoup de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre. Elles produisent de surcroît une grande variété de molécules riches en substances biochimiques qui ont de nombreuses applications dans la production alimentaire et la pharmacie.
Originoil met déjà en application sa technologie d'extraction non-chimique du carburant des micro-algues dans un projet en Australie et en France avec la société Ennesys.
En France, la société construit deux immeubles de bureaux dans le quartier de la Défense, près de Paris, capables de produire plus d'énergie qu'ils n'en consomment en utilisant leurs eaux usées chargées en CO2 et en nitrate pour cultiver des micro-algues qui produiront du biocarburant pouvant générer de l'électricité à un coût très faible.