Un accord a été trouvé lundi entre employeurs et syndicats des abattoirs allemands pour mettre en place un salaire minimum de 7,75 euros de l'heure à partir du 1er juillet dans cette filière, selon un communiqué commun.
Le contenu de cette négociation avait été révélé samedi par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) mais n'avait pas été confirmé par le syndicat NGG, ni l'union patronale ANG, qui menaient les discussions.
Selon cet accord, les 80.000 employés des abattoirs auront droit, à partir du 1er juillet, à un salaire minimum de 7,75 €/h, au 1er décembre de 8 €/h, au 1er octobre 2015 de 8,60 €/h, et enfin, au 1er décembre 2016, de 8,75 €/h.
Les abattoirs allemands sont régulièrement accusés de dumping social, notamment en France, car ils profitent allègrement de la libre circulation des travailleurs européens, en l'absence jusqu'ici de salaire minimum généralisé légal.
Selon l'institut public Thünen, qui consacre ses recherches au secteur agricole et s'appuie sur des statistiques européennes, les travailleurs allemands de la viande sont payés 17 % moins cher que leurs homologues français et 42 % en dessous de ce que gagnent les Danois.
« Du côté patronal, la raison l'a emporté et une solution contractuelle concernant les salaires, rapidement applicable, a été entérinée », s'est félicitée Michaela Rosenberger, du syndicat NGG, dans le communiqué.
« Le résultat est acceptable pour les deux parties et constitue un accord tourné vers l'avenir », a de son côté souligné la présidente de l'Union patronale ANG, Brigitte Faust.
« Le début de la fin du dumping » (syndicat)
L'accord s'appliquera aux 80.000 salariés du secteur, y compris ceux employés par des sous-traitants et prestataires. Les abattoirs allemands ont largement recours à ce type d'intermédiaires. Sur les 38.000 salariés des abattoirs, quelque 15.000, pour beaucoup originaires de la Roumanie, la Bulgarie ou la Pologne, sont soumis à ce type de contrat.
L'introduction d'un salaire minimum dans les abattoirs allemands marque « le début de la fin du dumping salarial », a déclaré, lors d'une conférence de presse à Berlin, Claus-Harald Güster, vice-président du syndicat de la gastronomie et de l'agroalimentaire NGG. Le salaire minimal représentera pour certains « une amélioration de deux ou trois euros de l'heure », a précisé M. Güster. Les conditions de logement et les contrats de location seront « la prochaine étape » dans le dialogue entre employeurs et représentants des salariés, a annoncé M. Güster.
Outre aux abattoirs, l'accord s'appliquera à toutes les industries de transformation de la viande. Dans celles-ci, les salaires sont toutefois souvent déjà nettement plus élevés, pouvant aller jusqu'à 15 ou 17 euros de l'heure, a précisé Valerie Holboer, de la fédération patronale ANG. Notamment pour des questions d'image, les entreprises du secteur « ont tout intérêt à ce que cet accord devienne réalité », a-t-elle expliqué lors de la conférence de presse.
L'accord intervient alors que le nouveau gouvernement allemand veut introduire un salaire minimum horaire de 8,50 euros dans tout le pays, tous secteurs confondus. En trouvant leur propre accord de branche, les partenaires sociaux dans la viande se soustraient à ce nouveau salaire plancher jusqu'à 2017, date à laquelle l'accord de lundi prévoit de toute façon une renégociation.