Le tribunal de commerce de Perpignan a validé le 30 juillet 2014 la reprise de La Lauragaise (ex-Spanghero), qui se bat pour sa survie depuis le scandale de la viande de cheval en 2013, par le groupe agroalimentaire CA Holding. Une décision saluée par Stéphane Le Foll.
La société, en redressement judiciaire depuis le 4 juin, passera le 1er août sous le contrôle effectif de CA Holding, qui compte supprimer 9 des 95 emplois que compte encore La Lauragaise. CA Holding, basé à Paris, est présidé par Antoine d'Espous. Spécialisé dans l'agroalimentaire et le marketing des services, le groupe détient en particulier la société Loste Tradi-France qui revendique un chiffre d'affaires de 260 millions d'euros pour 1.600 salariés.
L'ex-Spanghero, basée à Castelnaudary (Aude), ne s'est jamais remise du scandale de la viande de cheval qui a éclaté en février 2013. L'entreprise, qui revendiquait alors 360 salariés, s'est retrouvée accusée d'avoir trompé ses clients en revendant sciemment de la viande chevaline pour du bœuf. La viande avait servi à la préparation de millions de plats cuisinés, comme des lasagnes, pour des marques comme Findus ou la grande distribution.
Fondateur de la société en 1970, l'ancien rugbyman Laurent Spanghero l'avait cédée à la coopérative basque Lur Berri en 2009. Il était revenu pour tenter de la relancer en juillet 2013 sous le nom de La Lauragaise. Mais il n'est pas parvenu à atteindre ses objectifs d'activité, la grande distribution n'ayant « pas joué le jeu », selon M. Spanghero. Il a été contraint de demander le redressement judiciaire au début de juin 2014, ce qui a permis, dans un premier temps, d'activer le système de l'assurance de garantie des salaires (AGS) et ainsi d'assurer le versement de la paie des salariés. « Nous sommes en contact avec un repreneur depuis trois mois. Les conditions n'étaient pas réunies et, depuis quelques jours, elles le sont », déclarait alors M. Spanghero sans préciser le nom du candidat potentiel.
« Mission accomplie », s'est félicité Laurent Spanghero, après la décision du tribunal de commerce de Perpignan. « Il n'y a pas de souci. J'espère que ça ira dans le bon sens », a-t-il ajouté à l'AFP. « Je suis totalement satisfait ». M. Spanghero n'a pas précisé mercredi s'il continuerait à jouer un rôle dans la nouvelle entreprise à naître. En juin, lors du redressement judiciaire, il avait déjà souligné qu'à 75 ans, il avait « fait [son] temps ». « Si le repreneur a besoin de moi, il sait qu'il peut compter sur moi », avait-il toutefois ajouté.
Après le scandale de la viande de cheval, deux anciens dirigeants de Spanghero, Jacques Poujol et Patrice Monguillon, ont été mis en examen en septembre 2013 par des juges parisiens, notamment pour escroquerie en bande organisée. Un trader néerlandais, Jan Fasen, a également été mis en examen en avril 2014 pour le même délit.
« Tout est réuni pour tourner la page » (Stéphane Le Foll)
Stéphane Le Fill, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, salue la décision du tribunal de commerce de Perpignan validant l'offre de reprise de l'entreprise La Lauragaise par le groupe CA Holding.
« Cette reprise ouvre une nouvelle dynamique industrielle pour l'entreprise, et permet le maintien dans l'emploi de 86 de ses 95 salariés. CA Holding et son dirigeant Antoine d'Espous sont par ailleurs des acteurs reconnus de l'agroalimentaire », écrit le ministre dans un communiqué du 31 juillet.
« Cette reprise marque également l'aboutissement d'un accompagnement permanent de l'Etat. Après la liquidation judiciaire de la SA Spanghero puis la reprise de l'unité industrielle en juillet 2013 par Laurent Spanghero, marquée par la création de La Lauragaise, l'État a en effet apporté un soutien et un accompagnement décisifs au démarrage de l'entreprise nouvellement créée :
- En garantissant la traçabilité alimentaire des produits de La Lauragaise, condition essentielle du retour de la confiance. Deux agents des services vétérinaires ont été affectés à plein temps pour contrôler et accompagner cette entreprise ;
- En sauvegardant l'emploi, par un financement constant par l'Etat du chômage partiel de plus de la moitié des salariés ;
- En coordonnant et assurant le suivi financier de l'entreprise, avec la médiation nationale du crédit, la BPI et les organismes bancaires propriétaires de l'immobilier de l'entreprise. »
« Cette reprise est une heureuse nouvelle pour l'agroalimentaire et pour l'emploi dans l'Aude. Nous avons eu raison collectivement de nous battre pour cette entreprise. Aujourd'hui, tout est réuni pour tourner la page du passé, et envisager avec confiance ce nouvel élan qui est donné », conclut Stéphane Le Foll.