Un des anciens dirigeants de l'ex-entreprise Spanghero, de Castelnaudary (Aude), poursuivi dans l'enquête sur le scandale de la viande de cheval vendue pour du bœuf a été placé mardi en détention provisoire, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Jacques Poujol, qui était le directeur général de fait de Spanghero, a été mis en examen vendredi, notamment pour « escroquerie en bande organisée », « tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme ou de l'animal » ou encore « faux et usage de faux ».
Ses avocats avaient obtenu, dans le but de préparer sa défense, que le débat sur son éventuel placement en détention provisoire, réclamé par le parquet de Paris, soit différé.
A l'issue de ce débat, un juge des libertés et de la détention (JLD) a ordonné que M. Poujol soit écroué.
M. Poujol était dans les faits le directeur général de Spanghero, même s'il opérait officiellement sous contrat de consultant le liant avec la coopérative Lur Berri, propriétaire de Spanghero. « Aux yeux de tous, salariés, clients, fournisseurs, c'était lui le patron », selon un connaisseur du dossier.
Spanghero est au cœur d'une affaire qui, partie en février de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, a mis en lumière certains agissements de l'industrie agroalimentaire et signalé l'opacité de ses circuits d'approvisionnement.
L'entreprise a été ouvertement accusée par le gouvernement d'avoir trompé ses clients en revendant sciemment de la viande de cheval pour du bœuf. La viande a ensuite servi à la préparation de millions de plats cuisinés, comme des lasagnes, pour des marques telles que Findus ou pour la grande distribution.
Ancien directeur du site, Patrice Monguillon a également été mis en examen vendredi, mais il est demeuré libre sous contrôle judiciaire. MM. Poujol et Monguillon sont les deux premières personnes mises en examen dans cette enquête instruite à Paris.
Spanghero, qui comptait 360 salariés auparavant, ne s'est jamais vraiment remise du scandale. Lur Berri l'a vendue. Elle a été mise en liquidation judiciaire et a craint pour sa survie. Elle a été reprise par l'un de ses fondateurs, Laurent Spanghero, et deux partenaires, qui l'ont rebaptisée La Lauragaise. Ils se sont engagés à sauvegarder 90 emplois pendant au moins deux ans.