Les représentants de la filière du cheval ont réclamé, jeudi, une sanction exemplaire contre les responsables de la nouvelle affaire de fraude.
Jeudi, lors d'une conférence de presse à Paris, la Fédération nationale du cheval (FNC), Interbev, l'Association vétérinaire équine française (AVEF), le Groupement hippique national (GHN) et la FNSEA ont fait le point sur la dernière fraude qui secoue le monde du cheval. « On connait l'attachement des propriétaires de chevaux à leurs animaux, et des malfrats ne se sont pas gênés pour profiter de cette sensibilité afin de faire des affaires, s'est désolé Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. Afin de protéger les producteurs, nous demandons une sanction exemplaire de la part des pouvoirs publics dès que les coupables auront été retrouvés. Car c'est toujours le maillon du bas qui paye la note. »
Le ministre de l'Agriculture s'est positionné vendredi en déclarant qu'il n'y avait pas, pour l'heure, de risque sanitaire. Reste à patienter jusqu'aux conclusions des enquêtes. L'hypothèse selon laquelle 3.000 chevaux seraient concernés par la fraude laissent encore certains professionnels de la filière sceptiques. « Quel que soit le nombre de chevaux concernés, tous n'ont pas été écoulés dans l'alimentation humaine, pense Marianne Dutoit, la présidente de la FNC. Cette fraude est avant tout un problème d'abus de confiance, pas un risque sanitaire. »
Cette nouvelle affaire est aussi une occasion, pour la filière équine, de rappeler les fonctionnements de l'identification équine. « En termes de traçabilité, la France est première de la classe en Europe », assure Marianne Dutoit. Elle estime le coût de la traçabilité entre 100 et 150 €/cheval, raison de plus pour demander de punir ceux qui se sont joué de l'effort fait par les propriétaires de chevaux pour répondre aux exigences d'identification.
Au tour de Louis Sagot, délégué général du GHN, de rétablir certaines vérités. « De nombreux dirigeants de centre équestre ont été attaqués. Nous avons lu dans la presse que tous les chevaux de selle étaient impropres à la consommation car ils font l'objet de médication. Or, un centre équestre étant une activité agricole, les animaux sont suivis avec un cahier sanitaire au même titre que n'importe quel élevage, avec un contrôle anti-dopage en plus. » Louis Sagot rappelle que, sur l'ensemble de l'Union européenne, seules 0,5 % des carcasses contrôlées portaient des traces de phenylbutazone, molécule pointée du doigt pour la sécurité sanitaire. « Et vu notre traçabilité et nos carnets sanitaire, il est peu probable que ces 0,5 % viennent de chez nous », assure-t-il.
Du côté des éleveurs, cette nouvelle fraude entache une économie déjà fragile. « J'envoie mes taurillons vers l'Italie pour environ 4 €/kg carcasse, raconte Thierry Jamot, éleveurs de vaches allaitantes et de chevaux dans la Creuse. Mes chevaux partent sur ce même marché pour 2 ou 2,5 €/kg. Le coût d'abattage du cheval est 3 à 4 fois supérieur à celui du bovin. » Thierry Jamot rappelle aussi que, fautes de débouchés et d'abattoirs intéressés par leur production, de plus en plus de poulinières ne sont pas remises à la reproduction, et les générations peinent à se renouveler. « Il faut redorer le blason de la consommation », insiste-t-il.